L'éducation de Gargantua par Gustave Doré

 

OBJET D’ÉTUDE: L’HUMANISME

Vers un espace culturel européen : Renaissance et humanisme

 L’éducation deGargantua

 

 

 

L education de gargantua gustave dore

 

 

Commentaire des gravures

 

Les romans de Rabelais ont connu un succès immense, qui ne s'est pas limité à son époque. En 1851, ils sont réédités avec des illustrations de Gustave Doré qui adopte la technique de la gravure. Les représentations de géants ne sont pas une invention de Rabelais. Ceux-ci appartiennent au folklore français depuis longtemps, et plus de 300 lieux-dits évoquent en France des géants, dont certains portent même le nom de Gargantua. C'est de fait le personnage de géant français le plus célèbre. Immortalisé par Gustave Doré au XIXe siècle, il a les traits d'un personnage qui se distingue par sa taille, certes, mais aussi sa jovialité et...son appétit. C'est en effet, par exemple, des romans de Rabelais que nous avons retenu le proverbe : “L'appétit vient en mangeant.”

 

Cette représentation d'un personnage de géant peut être liée à la pensée humaniste du début du XVIe siècle: l'on découvre de nouveaux horizons, l'homme se pense conquérant du monde, il domine les éléments. Cela contraste avec la vision du Moyen-âge où l'homme était toujours dominé, ou au « service de ».

 

Plus tard, J.Swift crée lui aussi un personnage qui voyage et rencontre des peuples de tailles différentes (il s'agit de Gulliver), mais ce sera plutôt pour lui un moyen de reconnaître qu'il existe des différences entre les peuples.

 

La gravure est un art difficile et technique, qui est beaucoup moins répandu de nos jours car la photographie l'a supplanté. Plusieurs procédés existent, mais celui qu'utilise Gustave Doré est le suivant : la gravure sur bois. On sculpte le bois en forme du dessin que l'on veut obtenir, puis l'on applique de l'encre sur les parties en relief et on en fait une empreinte sur le papier. Comme le couteau ne permettait pas de sculpter assez précisément, on se met à l'époque de Gustave Doré à utiliser des burins, des outils en acier au manche en bois.  Le bois gravé était plus résistant que le cuivre, et cela permettait de reproduire l'image en de nombreux exemplaires. Le bois utilisé était généralement du buis et il fallait faire attention aux sens des fibres du bois pour le tailler plus facilement.

 

 

En dépit des apparences, la première gravure ne cautionne pas l’enseignement prodigué à Gargantua :

  • Certes il y a un globe, ce qui est signe d’érudition, d’ouverture d’esprit et de culture ;

  • Certes il y a de nombreux professeurs autour de Gargantua (chapeaux, vêtements, baguettes) ;

  • Mais Gargantua s’ennuie (œil fuyant, position avachie), et ne semble guère s’intéresser au savoir théorique enseigné. Il est « niais, tout rêveux et rassotté ». L’illustration suggère le désordre, l’étouffement.

Il s’agit en fait d’une illustration de l’enseignement sophiste.

 

Comparez cette gravure à la deuxième (elle se trouve également dans votre manuel). Cette fois, la leçon d'astronomie est fondée sur l'observation de la nature et l'expérience. L'élève sait se montrer concentré (description de l'attitude de Gargantua observant le ciel guidé par Ponocrates).

  • Ordre et symétrie règnent dans cette image ;

  • Présence d'un unique professeur qui, dans un souci pédagogique, fonde son cours sur l'expérience. Le doigt pointé oriente l'observation, alors que les baguettes dirigées vers le globe terrestre sont interprétées par les élèves comme une marque d'autorité des maîtres.

C’est une illustration de l’enseignement humaniste.

 

Gargantua devient erudit

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Date de dernière mise à jour : 13/10/2018

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