Entraînement à l'oral en images, le symbolisme

 

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Analyse d’image :Alexandre Séon : “Le Récit” : le symbolisme

Alexandre Séon : “Le Récit” Je vous propose dans ce TP consacré à l’analyse d’image, de réfléchir à la portée symbolique du tableau d’Alexandre Séon, intitulé “Le Récit”… Ce tableau figurera dans les documents complémentaires de votre liste d’oral.
Niveau : Première (Cours sur le Symbolisme).


 

Alexandre Séon (1855-1917), “Le Récit” (1898, Musée de Brest)
 

Les dénotations de l’image

Quand on voit un tableau, la première question qui vient à l’esprit est de se demander ce que l’image représente, ce qu’elle veut dire. Ce que nous voyons d’abord ici est un paysage très inspiré de la Bretagne (sans doute l’île de Bréhat) : le paysage littoral, aride et sauvage (il n’y a presque pas de végétation), semble adouci néanmoins par quelques fleurettes blanches au premier plan et de remarquables contrastes lumineux qui mettent en valeur la côte, la mer et le bleu du ciel, à peine parcouru d’imperceptibles trainées nuageuses. La douceur du climat est par ailleurs suggérée par le bateau à voile qu’on aperçoit au loin et les couleurs très douces des robes légères (remarquez les draperies) que portent les deux jeunes filles. Celles-ci semblent écouter dans une attitude empreinte de sagesse et de respect une femme plus âgée, voilée et vêtue de couleurs sombres, qui leur fait un “récit”, comme le suggère le titre du tableau.

Les connotations de l’image

Peint en 1898, “Le Récit” d’Alexandre Séon est tout à fait représentatif des années où culmine l’opposition entre Naturalisme et Symbolisme. Tout le tableau semble symbole et allégorie : Le symbolisme de l’esthétique se remarque dans l’absence de naturalisme ; traité en aplats (uniformité des couleurs), le paysage semble faire place à une sorte d’esthétique pure qui transcende la vraisemblance : il devient allégorique lui-même ; les éléments végétaux, minéraux, la mer et le bateau à voile participent au “récit” en l’élargissant à la dimension de l’apologue : critique implicite de la modernité, recherche du primitivisme, désir d’absolu. La beauté picturale initie en effet le lecteur à une contemplation poétique mais aussi idéaliste voire idéiste du paysage proche de l’utopie et du mythe. Certes, la femme âgée semble raconter aux deux jeunes filles quelque chose qui s’est passé. Mais l’événement raconté n’est évidemment pas l’événement réel : il en est la représentation. En ce sens, pour les Symbolistes, l’Histoire n’existe pas en soi : elle est toujours perçue et racontée à travers la subjectivité de quelqu’un ; c’est la raison pour laquelle la peinture symboliste est si descriptive : alors que le titre se situe au niveau narratif (un récit se “raconte”), le tableau est descriptif et fait passer le lecteur du niveau concret au niveau le plus abstrait. De fait, le récit accompagne la vie (représentée par les jeunes filles) et la mort. Il s’agit donc bien d’un récit allégorique qui tient à la superposition constante d’une réalité mais vécue comme fiction. On pourrait aussi noter combien le titre fait référence à une sorte de mémoire collective plus ou moins mythique. C’est la raison pour laquelle vous devez aborder le Symbolisme en tant que discours du dévoilement et du déchiffrement. “Ne rien nommer, ne rien expliquer” : tel semble le crédo de la doctrine symboliste. Comme l’avait mentionné Albert Aurier dans un article sur le peintre Gauguin paru dans le Mercure de France en 1891, l’esthétique symboliste est par définition “subjective, puisque l’objet n’y sera jamais considéré en tant qu’objet, mais en tant que signe d’idée perçu par le sujet […]”. Dans le tableau de Séon, les éléments de la composition, réduits au minimum (les trois femmes, la mer, le ciel), font ainsi primer le subjectif sur l’objectif, l’idée sur la forme. Envisagée à la fois comme un retour vers la vérité originelle (la mer mais aussi la mère) et comme une avancée vers l’incréé et le mystère (on ne connaît pas la nature du récit), la peinture symboliste rejoint tout à fait la poésie symboliste, capable d’exprimer dans toute sa force l’Idée et l’Absolu.

Entraînement à l’oral du Bac : le symbolisme

en vous aidant de vos connaissances sur le Symbolisme, comparez le tableau d’Alexandre Séon et ce passage célèbre du “Cimetière marin” dans lequel Paul Valéry évoque la mer.
1.Repérez dans les deux documents les éléments qui concourent à l’abstraction et au mystère.
2.Expliquez pourquoi le paysage représenté est d’abord un paysage pensé.
Paul Valéry, cimetière marin
“Ce toit tranquille, où marchent des colombes, Entre les pins palpite, entre les tombes ; Midi le juste y compose de feux La mer, la mer, toujours recommencée ! O récompense après une pensée Qu’un long regard sur le calme des dieux !
Quel pur travail de fins éclairs consume
Maint diamant d’imperceptible écume, Et quelle paix semble se concevoir!
Quand sur l’abîme un soleil se repose, Ouvrages purs d’une éternelle cause, Le temps scintille et le songe est savoir.” ________________

© Bruno Rigolt (EPC/Lycée en Forêt, Montargis, France)

http://brunorigolt.blog.lemonde.fr/2010/10/03/analyse-dimage-alexandre-seon-le-recit/

 

 

Le bac de français

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Date de dernière mise à jour : 01/08/2021

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