Sarraute, Pour un oui......, La vie est là, oral bac

ORAUX EAF


 

Entretien préparé sur Pour un oui ou pour un non de Nathalie Sarraute

** Séquence "le théâtre"

 

Mise en scène du langage

Problématique : Comment faire voir et entendre non seulement le langage mais aussi l'indicible ?

Objet d'étude : Le texte théâtral et sa représentation

Perspectives: Détournement des conventions théâtrales, l'écriture de Sarraute et les tropismes, le théâtre de Beckett et l'absurde.

Œuvre complète Pour un oui ou pour un non de Nathalie Sarraute.

Groupement de textes :

le théâtre de Samuel Beckett. Lectures analytiques Œuvre complète Pour un oui ou pour un non de Nathalie Sarraute

1.Scène d'ouverture du début à « ce n'est pas sans importance »

2. « La vie est là » de « Tu comprends pourquoi je tiens... » à « dans le « poétique », la poésie ». »

3. Scène finale de « H.1.- Oui... il me semble que là où tu es tout est... » à la fin.

4.En attendant Godot de Samuel Beckett : Scène d'ouverture du début à « Il n'y a rien à voir »

5.Oh les beaux jours ! De Samuel Beckett, début de l'Acte II : de « Scène comme au premier acte. Willie invisible... » à « ...Mon Willie ! (Yeux à droite. Appelant.) Willie ! (Un temps. Plus fort.) Willie ! »

Activités complémentaires:

 Visionnement du film de Jacques Doillon sur Pour un oui pour un non, 1988.

 Lecture d'autres textes de Nathalie Sarraute : une définition des tropismes dans la préface à L'Ere du soupçon, une réflexion sur les tropismes et le théâtre dans « Le Gant retourné », un extrait de Entre la vie et la mort : « C'est bien, ça »

 Lecture cursive de En attendant Godot de Samuel Beckett.

 

Lecture du passage :

« La vie est là » de « Tu comprends pourquoi je tiens... » à « dans le « poétique »,

 

Introduction :

C'est en 1939, que Nathalie Sarraute signe un étrange roman qui ne ressemble à aucun autre : Tropismes. Ce premier texte est repris en 1957 par les éditions de Minuit, ce qui vaut à son auteur d'être considérée à l'instar d'Alain Robbe-Grillet, de Michel Butor et de Claude Simon (Prix Nobel de littérature) comme un écrivain du Nouveau Roman. Attachée à débusquer ces mouvements intérieurs, infimes, furtifs dont on a à peine conscience et qu'elle appelle tropismes, Sarraute a distingué dans ses romans, la conversation, c'est-à-dire les phrases réellement prononcées et notées entre guillemets, de la sous-conversation, dans laquelle elle tente de cerner les impressions à peine perceptibles que provoquent ce qui est dit, de donner forme, par le langage et malgré le langage, à l'innommable. Une telle distinction n'est pas possible au théâtre. C'est donc tardivement, en 1964, qu'elle écrit sa première pièce Silence. Écrite en 1982, mise en scène en 1986 par Simone Benmussa, Pour un oui ou pour un non est la dernière pièce de Sarraute. Elle ne comporte en fait que deux personnages : H1 et H2 (F et H3 ne font que passer). Le passage que nous allons étudier est l'ouverture.


Situation du texte : La première partie de la pièce explore les sous-entendus d'une phrase un jour adressée par H1 à H2, son ami d'enfance : « C'est bien... ça ». Phrase apparemment inoffensive mais qui s'est emplie de tropismes au point de menacer l'amitié entre les deux hommes. Un bref moment d'accalmie précède l'extrait que nous allons étudier. Un passage de retournement de situation, puisque c'est H1 cette fois qui est blessé par une remarque de H2.

Problématique : Comment cette scène met elle en avant la force des tropismes ?

 

I. Ces tropismes atteignent H1 (d'où le retournement de situation)

Renversement: H2 se met à poser des questions "qu'est ce qui te prend" H1 répond sur la défensive "qu'est ce que j'ai à me justifier"
"la vie est la" est venu remplacer "c'est bien... ça"
Ce qui importait "c'est bien... ça" silence qui veut tout dire
H1 continue la phrase "la vie est la"
--> "simple est tranquille" de Verlaine du poème Sagesse.
"le petit mur, le toit, le ciel par dessus le toit"
--> H2 n'a jamais parlé du ciel, il extrapole
Dans le poème : il n'est pas question du petit mur

--> très différent
Beaucoup d'imprécisions
Association du toit et du mur
-->déclenche tropisme chez H1
"moi" capable d'apprécier : Tout est suggéré
--> indicible, H2 ne ressent pas ça
H2 a dit quelque chose de méchant
H1 interprète
Celui qui voit le tropisme paraît dingue
Il insiste sur l'inversement des rôles "cette fois ci... c'est toi" x2
"tu n'avais peut être pas tord"
--> se met à voir les choses de même façon que l'autre, voit ce qu'il y a en dessous des mots
"tu m'as énormément appris"
--> appris les tropismes

H1 emporté, contaminé
--> pouvoir des tropismes
Façon de rejeter les étiquettes mais peur de perdre toutes les étiquettes, de l'indicible
Besoin d'aller savoir ce qu'il y a dans la tête de l'autre


II. Ils envahissent le langage (même images, double sens)
Langage de H1 devient le même que celui des tropismes
Au début il provoque son ami sans rien dire
"qu'est ce que tu as" "qu'est ce qui te prend tout à coup"
2 images : - le piège, guet apans "Goût de l'art, vers l'appât" - Métaphore de l'espace "Ailleurs, dehors, loin, hors " --> façon d'être à l'endroit, une certaine façon d'être à chaque endroit.
Langage imagé, métaphore
Même familier "on y était en plein"
"maintenant, il y a des choses que moi-même je suis capable de comprendre"
--> plusieurs présupposés:
- avant, je n'entendais pas ses présupposés
- je ne suis pas l'ignorant que tu crois
"nous avons quand même fait nos classes"
--> nous = de majesté, ironique. Désigne = lui et ses tropismes
quand même = il connait Verlaine. Pas aussi cultivé que l'autre mais tout de même
"vous avez mieux" --> "vous" = les gens de ta catégorie Les gens comme toi, ceux qui se piquent de poésie. Insupportable pour H2 car H1 lui impose une étiquette
Dit qu'il appartient à une catégorie (H2 prétend être inclassable)
Guillemets --> montrent des sous entendus
"à l'abri de nos contacts" --> considère que l'aspiration de H2 à être ailleurs comme quelque chose de méprisable


Conclusion : Les tropismes ne sont pas l'apanage de H2. Bien plus ils concernent aussi le spectateur/lecteur. « Dans toutes mes pièces, l'action est absente, remplacée par le flux et le reflux du langage ». Le spectateur participe forcément à cette exploration des limites de la langue, en perçoit les dangers et les joies.

 

  • Questions sur Sarraute : sa vie, son œuvre
  • Quelles sont ses dates?
  • 1900 - 1999
  • De quelle origine est-elle?
  • écrivain français d'origine russe
  • Comment découvre t’-elle la littérature du XXe siècle?
  • Avec Proust
  • Quels auteurs bouleversent sa conception du roman?
  • avec Marcel Proust, James Joyce et Virginia Woolf, qui bouleversent sa conception du roman
  • Quel est son premier recueil?
  • Tropismes
  • Quel prix reçoit-elle?
  • Prix international de littérature pour son roman Les Fruits d'Or
  • Citez trois de ses œuvres
  • Le Silence, Le Mensonge, Pour un oui pour un non
  • Dans quel essai sur la littérature Sarraute récuse t’-elle les conventions traditionnelles du roman?
  • l'Ère du soupçon
  • Quels sont ses auteurs de référence?
  • Butor, Robbe Grillet
  • A quel courant tout comme Grillet et Butor, appartient-elle?
  • Au Nouveau Roman
  • Quelle est l’ambition de Sarraute?
  • Elle ambitionne de saisir le Non-dit
  • Que cherche t’-elle à saisir?
  • L'invisible
  • Comment la force du mot est-elle envisagée?
  • Les paroles d'apparence anodine ont une force destructrice
  • Donnez une définition de Tropisme
  • mouvements intérieurs presque insensibles dus à des causes extérieures: phrases stéréotypées, conventions sociales
  • Quel rapport les mots entretiennent-ils avec les maux?
  • Les mots cachent les "petits drames" et des rapports humains complexes. La communication est problématique.

 

 

Questions sur le théâtre de l’absurde :

  • Donnez une définition du théâtre de l’absurde
  • Le terme de théâtre de l'absurde nous vient de Martin Esslin en 1962. On peut définir le théâtre de l'absurde comme un type de théâtre à partir de 1940 qui rompt avec les genres classiques comme le drame et la comédie. Le thème récurrent dans le théâtre de l'absurde est l'absurdité de la condition humaine en général.
  • Quand est-il apparu?
  • Dans les années 1940
  • Quelles sont ses caractéristiques?
  • rupture totale par rapport aux genres plus classiques, tels que le drame ou la comédie
  • Quelle est l’origine de cette pensée?
  • Le traumatisme de la seconde guerre mondiale. Le théâtre de l'absurde devient l'expression de l'impuissance de l'homme face à son destin et à l'absurdité de la condition humaine dans laquelle il est enfermé.
  • Qui le représente?
  • Ionesco, Adamov, Beckett, Genet. Les sources philosophiques : Artaud, Sartre
  • Quelles sont les œuvres littéraires représentatives du théâtre de l’absurde de Ionesco et de Beckett?
  • En attendant Godot de Beckett. Rhinocéros, la Cantatrice chauve de Ionesco
  • Quelle est l’origine philosophique du concept d’absurde?
  • Le théâtre et son double Artaud, la distanciation de Brecht, l'existentialisme, Sartre et Camus
  • Faites une fiche sur les caractéristiques du théâtre de l’absurde
  • Recherches personnelles
  • Une fiche sur les précurseurs, les pionniers et les héritiers
  • Les précurseurs :
  • Guillaume Apollinaire (1880–1918)
  • Antonin Artaud (1893–1948)
  • Albert Camus (1913–1960)
  • Les Pionniers
  • Samuel Beckett (1906–1989) :
  • Arthur Adamov (1908–1970)
  • Eugène Ionesco (1909–1994)
  • Les héritiers :
  • Jean Tardieu (1903–1995)
  • Max Frisch (1911–1991)
  • Robert Pinget (1919–1997)
  • Boris Vian (1920–1959) :

 

  • Définir les termes suivants :
  • - Action
  • - Acte
  • - L’exposition
  • - Nœud
  • - Dénouement
  • - Didascalie

 

Questions sur la séquence le théâtre :

le langage théâtral

  • Qu'est ce qu'un monologue?
  • Il manifeste la présence d'un personnage seul sur scène qui se parle à lui même ou éventuellement à quelqu'un d'absent. Il permet au spectateur de connaitre les pensée du personnage.
  • Définir la didascalie
  • Indications scéniques en italique le plus souvent qui donnent des information au metteur en scène ou au lecteur; On distingue les didascalies initiales, elles donnent le titre de la pièce, les listes des personnages, les indications scéniques de lieu et du décor. Les didascalies internes accompagnent le dialogue.
  • Quelle forme le dialogue peut il prendre?
  • Il manifeste la présence d'au moins deux personnages sur scène. Il prend différentes formes :
  • - la réplique : elle constitue la réponse d'une personne à l'autre
  • - la répartie : c'est une réplique brève qui répond à une attaque
  • -stichomythie : dialogue où les personnages se répondent vers par vers et qui donne un style à l'échange
  • L'action dramatique :
  • quelles sont les règles des trois unités? Les règles ont été élaborées tout au long du 17 ème siècle
  • - règle du temps : l'action ne doit pas dépasser 24 heures
  • - règle du lieu : un décor de palais pour une tragédie
  • un intérieur bourgeois pour la comédie
  • - l'action : tenir l'intrigue à une action principale
  • - la vraisemblance : vise ce que le public peut croire
  • - la bienséance : elle interdit de faire couler le sang sur scène
  • - découpage d'une pièce de théâtre : les actes sont en général au nombre de 5 , il n'y en a que 3 parfois dans les comédies.
  • La structure interne :
  • - l'exposition : elle informe le spectateur de la situation initiale par des renseignements sur le lieu et le temps, les personnages et l'action.
  • - le noeud dramatique : il situe les obstacles et les conflits qui empêchent la progression de l'action. Celle ci est ponctuée de péripéties comme les sentiments de situation, les coups de théâtre, les quiproquos qui retardent l'action et les rebondissements qui compliquent l'intrigue.
  • - le dénouement : Il permet de résoudre les conflits présents dans l'intrigue.
  • La scène théâtrale :
  • Un espace de jeu : les décors, les costumes, les maquillages contribuent au symbolisme de la scène en soulignant les choix du metteur en scène.

 

 

Questions sur le commentaire :

Problématique : Comment cette scène met elle en avant la force des tropismes ?

 

Questions sur l’introduction :

Définissez par rapport à l’œuvre « Tropismes » de Sarraute : l’indicible

A quoi Sarraute associe t’-elle ce concept?

Quelle est la situation du texte?

Expliquez le retournement de situation

Définir les tropismes

 

Questions sur le développement

I -

Pourquoi y a t’-il retournement de situation?

Quelle expression « la vie est là » est-elle venue remplacer?

Expliquez l’association du toit et du mur

Avons-nous des précisions?

Comment les tropismes se déclenchent-ils chez H1?

Comment l’indicible se traduit-il à ce niveau?

Quelle est la réaction de H2?

Comment H1 réagit-il?

Quel rôle les récurrences de l’expression « cette fois ci… c’est toi » joue t’-elle?

L’au-delà des mots est-il perçu dans cette scène?

Avons-nous l’idée d’une ouverture d’esprit et d’une initiation à la connaissance par les tropismes?

Comment cela se manifeste t’-il au niveau de l’échange entre les personnages?

Le pouvoir des tropismes est-il dominant?

Cela nous renseigne t’-il sur l’état d’esprit des deux personnages?

Que comprenez-vous d’après cet extrait de la question de l’intersubjectivité?

 

II -

Les tropismes envahissent-ils le langage?

Analysez les images : quelle est leur portée?

Etudiez la métaphore de l’espace

En quoi traduit-elle l’ubiquité?

A ce niveau le langage est-il le reflet de suggestions?

Dépasse t-il le niveau métaphorique?

Relevez les expressions du langage familier

Le langage est-il la traduction directe du mot et de la chose dont on parle?

Est-il associé à une visée initiatique : le chemin de la connaissance. Doit-on saisir le langage comme un outil pour apprendre, pour comprendre?

Expliquez : « maintenant il y a des choses que moi-même je suis capable de comprendre ». Quelle sens pouvons-nous donner à la compréhension?

Relevez les présupposés : que nous apprennent-ils?

Relevez une marque d’ironie

Comment les sous-entendus de H1 se traduisent-ils?

 

Questions sur la conclusion :

Montez que du point de vue des tropismes H1 et H2 sont en opposition

Qui les tropismes touchent-ils?

Le lecteur et le spectateur sont-ils concernés? En quoi?

Quelle est l’intention de Sarraute?

Comment Sarraute considère t’-elle ses pièces?

 

Dossier sur le théâtre de l'absurde :

 

Sur quoi repose toute la pièce?

Quelle est la visée de Sarraute dans cette pièce de théâtre?

Nathalie Sarraute fait passer le tropisme dans le dialogue, la sous-conversation dans la conversation dans cette pièce : Dans quelles autres pièces cela se retrouve t’-il?

-Le mensonge

-Le silence

-Isma

-C’est beau

-Elle est là

Travail sur l’interprétation de ce qui est dit : Intrigue minimale et analyse de la langue, intonation, soupirs… Etude du ressenti : mouvements indéfinissables qui passent aux limites de la conscience qui sont à l’origine de nos gestes et paroles et qui constituent de petits drames qui se cachent derrière les conversations.

En ce sens : pouvons-nous dire que les personnages soient secondaires tout comme le sujet et qu’il n’y ait que du langage?

Le théâtre de Sarraute n’et-il qu’un théâtre de langage?

Le tout et le rien nous renvoient à une absolue liberté d’interprétation :

L’interprétation a deux sens :

- comment je dis

- comment tu comprends

« c’est bien… ça », « la vie est là » : Derrière l’amitié des deux personnages se joue le drame de la communication entre les hommes.

Le langage n’est pas évident.

Citez une autre œuvre théâtrale qui relève du théâtre de l’absurde et qui analyse le langage comme non évident et la communication comme problématique.

 

 

Date de dernière mise à jour : 17/05/2019

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