Voltaire, Candide, ch.3, la guerre, Boris Vian le déserteur et lettre ouverte à Paul Faber : Questions sur corpus

DNBac

 

Écriture d’invention (12 points)
Sujet

Après avoir quitté le champ de bataille qui a opposé Bulgares et Abares, Candide prend la plume et écrit une lettre adressée à son précepteur Pangloss qui dénonce la guerre, sa violence et ses conséquences funestes.
Vous rédigerez cette lettre, en prenant garde de respecter la mise en page et l’énonciation propres au genre de la lettre, et en utilisant le registre oratoire, grâce auquel Candide clamera son horreur de la guerre, ainsi que sa colère et son indignation devant ce dont il a été témoin

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Corpus de textes
Texte A : Voltaire, Candide, extrait du chapitre III.
Texte B : Boris Vian, « Lettre ouverte à Monsieur Paul Faber », conseiller municipal (1955).
Texte annexe : Boris Vian, « Le déserteur ».


Boris Vian, le déserteur
Lecture

Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C'est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
Je m'en vais déserter

Depuis que je suis né
J'ai vu mourir mon père
J'ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j'étais prisonnier
On m'a volé ma femme
On m'a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J'irai sur les chemins

Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens:
Refusez d'obéir
Refusez de la faire
N'allez pas à la guerre
Refusez de partir
S'il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n'aurai pas d'armes
Et qu'ils pourront tirer

Boris Vian, Le déserteur


Boris Vian, « Lettre ouverte à Monsieur Paul Faber », conseiller municipal (1955)
Dans cette lettre adressée à un conseiller municipal de l’époque, Boris Vian, poète, romancier, critique musical
et chansonnier, justifi e sa chanson « Le déserteur » (cf. texte annexe), dans laquelle il clame son refus
d’aller se battre en Indochine.
« Non, Monsieur Faber, ne cherchez pas l’insulte où elle n’est pas et si vous la trouvez, sachez que c’est
vous qui l’y aurez mise. Je dis clairement ce que je veux dire ; et jamais je n’ai eu le désir d’insulter les
anciens combattants des deux guerres, les résistants, parmi lesquels je compte bien des amis, et les
morts de la guerre - parmi lesquels j’en comptais bien d’autres. Lorsque j’insulte (et cela ne m’arrive
guère) je le fais franchement, croyez-moi. Jamais je n’insulterai des hommes comme moi, des civils, que
l’on a revêtus d’un uniforme pour pouvoir les tuer comme de simples objets, en leur bourrant le crâne
de mots d’ordre vides et de prétextes fallacieux. Se battre sans savoir pourquoi l’on se bat est le fait d’un
imbécile et non celui d’un héros ; le héros c’est celui qui accepte la mort lorsqu’il sait qu’elle sera utile
aux valeurs qu’il défend. Le déserteur de ma chanson n’est qu’un homme qui ne sait pas ; et qui le lui
explique ? Je ne sais de quelle guerre vous êtes ancien combattant - mais si vous avez fait la première,
reconnaissez que vous étiez plus doué pour la guerre que pour la paix ; ceux qui, comme moi, ont eu 20
ans en 1940 ont reçu un drôle de cadeau d’anniversaire. Je ne pose pas pour les braves ;


Voltaire, Candide, extrait du ch.III (1759)

Marqué par deux événements récents, le tremblement de terre de Lisbonne (1755) et la guerre de sept ans (1756) qui lui inspirèrent cette réfl exion : « Presque toute l’histoire est une suite d’atrocités inutiles » (Essai sur l’histoire générale, 1756), Voltaire compose Candide où son héros, chassé du meilleur des mondes possibles, le château du baron de Thunder-ten- tronckh, va parcourir le monde.
Voici un extrait du chapitre III de ce conte philosophique dans lequel Candide, enrôlé de force dans l’armée bulgare, découvre la guerre, en l’occurrence celle qui oppose les abares et les bulgares.

COMMENT CANDIDE SE SAUVA D’ENTRE LES BULGARES, ET CE QU’IL DEVINT
Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres,les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d’abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffi sante de la mort de quelques milliers d’hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu’il put
pendant cette boucherie héroïque.
Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum chacun dans son camp, il prit le parti d’aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d’abord un village voisin ; il était en cendres : c’était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes ; là des fi lles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros rendaient les derniers soupirs ; d’autres, à demi brûlées,
criaient qu’on achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de jambes coupés.
Candide s’enfuit au plus vite dans un autre village : il appartenait à des Bulgares, et des héros abares l’avaient traité de même. Candide, toujours marchant sur des membres palpitants ou à travers des ruines, arriva enfi n hors du théâtre de la guerre, portant quelques petites provisions dans son bissac, et n’oubliant jamais mademoiselle Cunégonde. Ses provisions lui manquèrent quand il fut en Hollande ;
mais ayant entendu dire que tout le monde était riche dans ce pays-là, et qu’on y était chrétien, il ne douta pas qu’on ne le traitât aussi bien qu’il l’avait été dans le château de monsieur le baron avant qu’il en eût été chassé pour les beaux yeux de mademoiselle Cunégonde.
Voltaire, Candide (1759)


Questions sur le corpus (8 points)
 Identifiez les genres des textes A et B et étudiez leur situation d’énonciation. (2 points)
 Quel(s) aspects(s) de la guerre dénonce chacun des auteurs dans les deux textes du corpus ? (3 points)
 Quels sont les registres employés pour convaincre et persuader dans ces deux textes ?
Vous répondrez à la question de façon organisée et argumentée, en citant les textes, et en relevant les
procédés stylistiques et rhétoriques qui caractérisent chacun des registres. (3 points)




Pour vous aider :

 

 

Date de dernière mise à jour : 06/07/2021

Commentaires

  • Lociciro
    J'ai des difficultés pour les deux premières questions
    Merci de m'aider
  • Diallo Aissatou
    j'aimerai me preparer pour le Bac ,aider moi silvouplais.
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