La vieille et les deux servantes, illustration de G. Doré et la fable de La Fontaine

 

Étude de l'illustration de Gustave Doré

 

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I – Un moment d'action tendue

Pour le 1/3 de l'image, nous voyons un personnage debout, une vieille femme qui est en situation de superposition par rapport aux deux servantes en position allongée, 2/3 de l'image. Il s'agit d'un face à face.

La seule source de lumière vient de la grand mère qui tient une bougie. C'est la seule source de lumière qui éclaire les visages des deux jeunes femmes. Cette clarté rendue contraste avec le 1/3 sombre. Cela souligne l'aspect dramatique de la situation ambiante. De la même manière, l'ombre de la vieille se projette à l'arrière d'elle sur la porte. Nous avons donc une ambiance de clair-obscur, les ombres connotent une ambiance qu'on pourrait qualifier de fantastique.

Une des servante fait un geste dramatique, expression de l'accablement, l'autre est en retrait.

L'illustrateur a fait le choix de représenter le moment où la vielle femme vient réveiller les deux servantes. Il s'agit d'une composition d'ensemble, montrer l'émotion dramatique de ce moment.

La vielle, debout, est tournée vers les deux servantes étendues sur le lit. Ce face à face rend compte de l'affrontement qui se joue à ce moment, c'est-à-dire, au réveil. Les jeunes femmes sont comme surprises dans leur sommeil, encore allongées et enveloppées dans les draps.

 

II – Une lecture pathétique

L'illustrateur a imaginé un décor sordide autour du trio,inspiré peut-être par le mot «Misérable» répété dans la fable de La Fontaine. C'est une masure qui abrite les personnages.

On devine derrière la vielle femme une porte rudimentaire en bois et les murs sont recouverts de ce qui semble être un enduit grossier qui laisse voir les pierres. Une étagère supporte quelques accessoires rustiques.Concernant les vêtements des personnages, on peut dire que le foulard de la vieille est noué autour d'elle, son tablier qui recouvre sa jupe reflète sa condition sociale manifestement pauvre.

Ce choix dans l'interprétation donne toute sa dimension à la pression exercée par la vieille sur les deux jeunes femmes. On approche donc ici du registre pathétique. Tout l'accablement des femmes est visible, mis en valeur. On devine que le visage de 'lune est prostré et émerge par dessus le drap. L'autre porte sa main sur son front, la tête est renversée sur l'oreiller dans un geste de douleur et de détresse. L'illustrateur a choisi de  représenter la vieille tournée au ¾. On ne voit donc pas son visage qui est dirigé vers les servantes. La posture laisse deviner son grand âge et l'intensité de la méchanceté dans le regard jeté aux deux servantes.

 

Conclusion

Le travail de l'illustrateur éloigne de la fable de La Fontaine. L'aspect comique de la fable disparaît complètement ainsi que l'ornement poétique.

Le choix de l'illustrateur va vers le réalisme, c'est une reconstitution quasi historique avec le travail sur les costumes et les décors.

Tout reflète la misère et les conditions sordides de vie. Il s'agit en fait de dénoncer la misère des pauvres gens. Dénonciation déjà sensible dans la fable de La Fontaine.

 

Fable « la vieille et les deux servantes » de Jean de La Fontaine

 

La Vieille et les deux Servantes

 

Il était une vieille ayant deux Chambrières.

Elles filaient si bien que les soeurs filandières

Ne faisaient que brouiller au prix de celles-ci.

La Vieille n'avait point de plus pressant souci

Que de distribuer aux Servantes leur tâche.

Dès que Thétis chassait Phébus aux crins dorés,

Tourets entraient en jeu, fuseaux étaient tirés ;

Deçà, delà, vous en aurez ;

Point de cesse, point de relâche.

Dès que l'Aurore, dis-je, en son char remontait,

Un misérable Coq à point nommé chantait.

Aussitôt notre Vieille encor plus misérable

S'affublait d'un jupon crasseux et détestable,

Allumait une lampe, et courait droit au lit

Où de tout leur pouvoir, de tout leur appétit,

Dormaient les deux pauvres Servantes.

L'une entrouvrait un oeil, l'autre étendait un bras ;

Et toutes deux, très malcontentes,

Disaient entre leurs dents :

Maudit Coq, tu mourras.

Comme elles l'avaient dit, la bête fut grippée.

Le réveille-matin eut la gorge coupée.

Ce meurtre n'amenda nullement leur marché.

Notre couple au contraire à peine était couché

Que la Vieille, craignant de laisser passer l'heure,

Courait comme un Lutin par toute sa demeure.

C'est ainsi que le plus souvent,

Quand on pense sortir d'une mauvaise affaire,

On s'enfonce encor plus avant :

Témoin ce Couple et son salaire.

La Vieille, au lieu du Coq, les fit tomber par là

De Charybde en Scylla.

 

Analyse

Elle est originale : paradoxe - ref mythologique  - paresse - littéraire, on est donc en décalage avec la réalité sociale de la fable ( ce n'est peut-être qu'un fonctionnement poétique), c'est burlesque. La longueur des journées de travail est marquée par un indicateur de temps « dès que » = double conjonction de temps reprise plus loin par l'adverbe « aussitôt » = ressort de  l'expression de la vieille à les mettre au travail. Vers 9, la phrase nominale « point de ... » accentue l'idée du travail inlassable. Le narrateur nous présente le portrait de la vieille de façon extrêmement péjorative : vêtements « crasseux ; détestables » et « encore plus misérables » : portrait d'un employeur sale, négligé et pas aisé en apparence qui emploie deux jeunes filles qu'elle néglige autant, on  n'est pas loin de la caricature.

 

3 verbes d'action en deux vers (V 13/14) qui montrent l'agitation frénétique de cette vieille. Dans ce portrait il y a un élément comique (V25), on compare la vieille à un lutin : La vieille est un peu tassée, et c'est en contradiction avec le terme « vieille ». Dénonciation indignée du fabuliste : La Fontaine s'insurge contre la vieille qui exploite les deux servantes : registre pathétique (« pauvre servante » : subjectif) et insiste beaucoup sur leur épuisement physique avec la mise en valeur du verbe «dormais » (V15/16) d'autant qu'on a le mot « tout » répété 2X (V15), et le verbe dormais avec inversion du sujet mise en valeur par le terme « misérable ». Désapprobation et dénomination avec une phrase nominale, octosyllabe plus court et mis en valeur par les alexandrins. Mais il y a un comique de situation : le stratagème des deux servantes est drôle (assassiner le coq) ainsi que l'expression « le réveil-matin eut la gorge coupée » de plus la situation de la fable s'est aggravée : retournement de situation. Cette dénonciation passe par le récit avec la présence du narrateur.

 

Oral: Étude comparative: la vieille et les deux servantes

 

L'illustration de Gustave Doré et la fable de La Fontaine

 

 

*** Séquence argumentation

 

Gustave Doré est un illustrateur, peintre et sculpteur français du 19ème siècle. 1832. 1888. Il appartient à l'époque romantique. Il a illustré la Divine comédie de Dante

 

 

Étude de l'illustration de Gustave Doré

 

Plan de l'étude

 

I – Un moment d'action tendue

 

II – Une lecture pathétique

 

Problématique:

 

L'illustration de la vieille et les deux servantes de G. Doré éloigne t'-elle de la fable de La Fontaine?

 

 

Questions sur l'illustration de G. Doré

 

I- Un moment d'action tendue

 

 

Description de l'image

 

Quels sont les personnages en présence?

 

Comment l'image apparaît-elle pour le 1/3? Le 2/3?

 

Quelle est la source de lumière du tableau?

 

Quel effet Doré cherche t'-il à créer avec cette orientation spécifique de la lumière?

 

Peut-on parler en terme de réalisme?

 

De reconstitution historique? Pourquoi?

 

Comment le contraste est-il rendu?

 

L'aspect dramatique est-il ainsi renforcé?

 

L'ombre de la vieille femme a t'-elle un impact, un effet sur l'ensemble du tableau?

 

Cela contribue t'-il à mettre le personnage en avant?

 

Que connotent les ombres?

 

Cela crée t'-il une atmosphère fantastique?

 

Que font les deux servantes?

 

Comment l'expression de l'accablement est-elle suggérée?

 

Peut-on parler d'une émotion dramatique sensiblement et volontairement suggérée par Doré?

 

Que impact le face à face exerce t'-il?

 

 

II – Une lecture pathétique

 

Que peut-on dire du décor?

 

Selon vous, quelle est l'inspiration de l'illustrateur?

 

La retrouvons-nous dans la fable de La Fontaine?

 

De quoi s'agit-il?

 

Faites en une description

 

De quelle condition sociale s'agit-il?

 

Quel impact a ce choix de lecture dans l'interprétation de l'illustration?

 

Quel registre avons-nous?

 

 

Questions sur la conclusion

 

 

Le travail de l'illustrateur est-il similaire ou au contraire s'éloigne t'-il de la fable de La Fontaine?

 

Peut-on parler en terme de réalisme?

 

De reconstitution historique? Pourquoi?

 

Est-ce une dénonciation? Cette critique est-elle présente dans les fables de La Fontaine?

 

Faire une étude comparative entre l'illustration de Gustave Doré et la fable de La Fontaine

 

 

Étude comparative de la fable de La Fontaine

 

 

Cette fable est-elle originale? Pourquoi?

 

Sommes nous en décalage avec la réalité sociale ? En quoi?

 

Quel portrait de la vieille avons-nous? Citez pour justifier votre réponse

 

Peut-on parler d'un portrait caricatural?

 

Quel registre domine la fable?

 

Montrez que le ton de La Fontaine est celui de l'indignation

 

Quels sont les indices de la dénonciation?

 

Relevez les races de subjectivité

 

Quels sont les points communs et différences de la dénonciation entre l'illustration de Gustave Doré et la fable de La Fontaine?

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 06/07/2021

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