Ecriture d'invention : lettre de Candide à Pangloss sur l'horreur de la guerre sur un registre oratoire

DNBac

 
 
Questions sur le corpus (8 points)
 Identifiez les genres des textes A et B et étudiez leur situation d’énonciation. (2 points)
 Quel(s) aspects(s) de la guerre dénonce chacun des auteurs dans les deux textes du corpus ? (3 points)
 Quels sont les registres employés pour convaincre et persuader dans ces deux textes ?
Vous répondrez à la question de façon organisée et argumentée, en citant les textes, et en relevant les
procédés stylistiques et rhétoriques qui caractérisent chacun des registres. (3 points)

 

Écriture d’invention (12 points)


Sujet

Après avoir quitté le champ de bataille qui a opposé Bulgares et Abares, Candide prend la plume et écrit une lettre adressée à son précepteur Pangloss qui dénonce la guerre, sa violence et ses conséquences funestes.
Vous rédigerez cette lettre, en prenant garde de respecter la mise en page et l’énonciation propres au genre de la lettre, et en utilisant le registre oratoire, grâce auquel Candide clamera son horreur de la guerre, ainsi que sa colère et son indignation devant ce dont il a été témoin


Voltaire, Candide, extrait du ch.III (1759)
Marqué par deux événements récents, le tremblement de terre de Lisbonne (1755) et la guerre de sept ans (1756) qui lui inspirèrent cette réfl exion : « Presque toute l’histoire est une suite d’atrocités inutiles » (Essai sur l’histoire générale, 1756), Voltaire compose Candide où son héros, chassé du meilleur des mondes possibles, le château du baron de Thunder-ten- tronckh, va parcourir le monde.

Voici un extrait du chapitre III de ce conte philosophique dans lequel Candide, enrôlé de force dans l’armée bulgare, découvre la guerre, en l’occurrence celle qui oppose les abares et les bulgares.
COMMENT CANDIDE SE SAUVA D’ENTRE LES BULGARES, ET CE QU’IL DEVINT
Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres,les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d’abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffi sante de la mort de quelques milliers d’hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu’il put
pendant cette boucherie héroïque.
Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum chacun dans son camp, il prit le parti d’aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d’abord un village voisin ; il était en cendres : c’était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes ; là des fi lles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros rendaient les derniers soupirs ; d’autres, à demi brûlées,
criaient qu’on achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de jambes coupés.
Candide s’enfuit au plus vite dans un autre village : il appartenait à des Bulgares, et des héros abares l’avaient traité de même. Candide, toujours marchant sur des membres palpitants ou à travers des ruines, arriva enfi n hors du théâtre de la guerre, portant quelques petites provisions dans son bissac, et n’oubliant jamais mademoiselle Cunégonde. Ses provisions lui manquèrent quand il fut en Hollande ;
mais ayant entendu dire que tout le monde était riche dans ce pays-là, et qu’on y était chrétien, il ne douta pas qu’on ne le traitât aussi bien qu’il l’avait été dans le château de monsieur le baron avant qu’il en eût été chassé pour les beaux yeux de mademoiselle Cunégonde.
Voltaire, Candide (1759)

Ecriture d'invention

Mon cher Pangloss,
Nous sommes loin du meilleur des mondes et je souhaite que cela ne soit pas non plus le meilleur des mondes possibles. J'ose croire qu'un autre pays que celui ci ouvrira son sol aux hommes dans la paix, un jour.  Je suis alors que je m'adresse à vous complètement boulversé de vous faire le bilan de ma traversée des trois villages et cela m'a suffit, quelle désolation, il n'y a plus ce doux et paisible château de Thunder-en-tronckh : tout a laissé place à la guerre, spectacle bien désolant. Le pays de la guerre avec ses pauvres habitants en proie à la plus grande désolation. Une guerre dévastatrice qui ne laisse rien derrière elle, rien si ce n'est des cadavres, des corps meurtris, des morceaux de bras ça et là des pauvres innocents victimes. Les armées s'appliquent à piller ce qui reste des villages soumis et désertés. Si un homme est là quelque part sur leur passage, sans scrupule, il se fait tuer et perd la vie sans comprendre pourquoi. Les questions sont nombreuses dans mon esprit torturé à cette vue insoutenable, mort et cruauté, torture et mutilations, rien d'autre ne me vient, de la vie, j'ai vu l'homme passer à la mort des centaines de fois lors de ce passage de l'armée, sur ce champ de bataille qui a opposé Abares et Bulgares;  Ces derniers se sont montrés très cruels. Ils détruisent tout ce qui se trouve devant eux, hommes, villages, rien ne leur résiste. Il semble difficile de comprendre le sens de la guerre lorsque le bilan humain est si lourd, la situation est absurde, le sens m'échappe.  Et cette odeur dévastatrice, insoutenable, celle de la mort qui gronde et ronge tout. Ces corps allongés sur le champ de bataille paraissaient en paix et échappaient aux sons des canons, baïonnettes mais parmi ce tas de corps dispersé, quelques cris s'échappaient, quelques survivants suppliaient, souffrant et gémissant leurs blessures et redoutant de devenir dépouilles sur ce sol en guerre. Je suis terrifié de voir et tremblant rien qu'à repenser à cette scène d'horreur. Quel désastre. Je n'avais qu'une envie, m'enfuir et pleurer sur ces vies perdues. Tremblant d'horreur, le mot est si faible, je devrais plutôt dire, pétrifié, paralysé. Quelle spectacle traumatisant, il restera pour toujours dans un coin de ma mémoire et me rappelera que le genre humain n'est pas seulement fait de bonté mais aussi de cruauté. Du premier au deuxième village, je pensais à cette phrase enseignée par vous "tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ", et soudain, tout m'échappait, je ne la comprenais plus, tout devenait absurde. Dans le troisième village, sans m'en rendre compte, des larmes avaient coulées sur mes joues et tout se troublait : je n'ai réalisé qu'après que le village  n'était en fait plus qu'un tas de ruines; Je suis à présent en Hollande, un beau pays et je m'interroge sur votre philosophie enseignée du meilleur des mondes mais Ô mon cher Pangloss ! Il ne me vient que cette pensée :  Quelle boucherie et aucun vainqueur ne sort d'une telle bataille, celle de la barbarie humaine. 

Candide, votre élève dévoué.

Le bac de français

Date de dernière mise à jour : 06/07/2021

Commentaires

  • julie
    • 1. julie Le 01/05/2016
    bonjour
    pensez vous qu'un sujet tel celui ci peut tomber en ds de 2nde?
    merci
  • Reymold
    • 2. Reymold Le 14/01/2016
    Coucou c'est quoi la réponse aux questions? :-/
  • Shadowxo2
    • 3. Shadowxo2 Le 02/12/2015
    Vraiment utile
Les commentaires sont clôturés