Corpus Molière, l'Avare, V,3, Tartuffe, V,7 et Msieur de Pourceaugnac, III, 3

 

DNBac

Corpus de textes

Texte A : Molière, L’Avare (acte V, scène 3)

Texte B : Molière, Tartuffe (acte V, scène 7)

Texte C : Molière, Monsieur de Pourceaugnac (Acte III, scène 3)

L'avare

Scène 3
Harpagon, un commissaire, Valère, Maître Jacques.

Harpagon
Approche, viens confesser l’action la plus noire, l’attentat le plus horrible qui jamais ait été commis.
Valère
Que voulez-vous, monsieur ?
Harpagon
Comment, traître, tu ne rougis pas de ton crime ?
Valère
De quel crime voulez-vous donc parler ?
Harpagon
De quel crime je veux parler, infâme ? comme si tu ne savais pas ce que je veux dire ! C’est en vain que tu prétendrais de le déguiser : l’affaire est découverte, et l’on vient de m’apprendre tout. Comment abuser ainsi de ma bonté, et s’introduire exprès chez moi pour me trahir, pour me jouer un tour de cette nature ?
Valère
Monsieur, puisqu’on vous a découvert tout, je ne veux point chercher de détours et vous nier la chose.
Maître Jacques à part.
Oh ! oh ! Aurais-je deviné sans y penser ?
Valère
C’était mon dessein de vous en parler, et je voulais attendre, pour cela, des conjonctures favorables ; mais puisqu’il est ainsi, je vous conjure de ne vous point fâcher, et de vouloir entendre mes raisons.
Harpagon
Et quelles belles raisons peux-tu me donner, voleur infâme ?
Valère
Ah ! Monsieur, je n’ai pas mérité ces noms. Il est vrai que j’ai commis une offense envers vous ; mais, après tout, ma faute est pardonnable.
Harpagon
Comment ! pardonnable ? Un guet-apens, un assassinat de la sorte ?
Valère
De grâce, ne vous mettez point en colère. Quand vous m’aurez ouï, vous verrez que le mal n’est pas si grand que vous le faites.
Harpagon
Le mal n’est pas si grand que je le fais ! Quoi ! mon sang, mes entrailles, pendard !
Valère
Votre sang, Monsieur, n’est pas tombé dans de mauvaises mains. Je suis d’une condition à ne lui point faire de tort ; et il n’y a rien, en tout ceci, que je ne puisse bien réparer.
Harpagon
C’est bien mon intention, et que tu me restitues ce que tu m’as ravi.
Valère
Votre honneur, Monsieur, sera pleinement satisfait.
Harpagon
Il n’est pas question d’honneur là-dedans. Mais, dis-moi, qui t’a porté à cette action ?
Valère
Hélas ! me le demandez-vous ?
Harpagon
Oui, vraiment, je te le demande.
Valère
Un dieu qui porte les excuses de tout ce qu’il fait faire, l’Amour.
Harpagon
L’Amour ?
Valère
Oui.
Harpagon
Bel amour, bel amour, ma foi ! l’amour de mes louis d’or !
Valère
Non, Monsieur, ce ne sont point vos richesses qui m’ont tenté, ce n’est pas cela qui m’a ébloui ; et je proteste de ne prétendre rien à tous vos biens, pourvu que vous me laissiez celui que j’ai.
Harpagon
Non ferai, de par tous les diables ! je ne te le laisserai pas. Mais voyez quelle insolence, de vouloir retenir le vol qu’il m’a fait !
Valère
Appelez-vous cela un vol ?
Harpagon
Si je l’appelle un vol ? un trésor comme celui-là !
Valère
C’est un trésor, il est vrai, et le plus précieux que vous ayez, sans doute ; mais ce ne sera pas le perdre que de me le laisser. Je vous le demande à genoux, ce trésor plein de charmes ; et, pour bien faire, il faut que vous me l’accordiez.
Harpagon
Je n’en ferai rien. Qu’est-ce à dire cela ?
Valère
Nous nous sommes promis une foi mutuelle, et avons fait serment de ne nous point abandonner.

Tartuffe

Scène 7
TARTUFFE, UN EXEMPT, MADAME PERNELLE, ORGON, ELMIRE, CLÉANTE, MARIANE, VALÈRE, DAMIS, DORINE.

Tartuffe, arrêtant Orgon.
Tout beau, monsieur, tout beau, ne courez point si vite :
Vous n’irez pas fort loin pour trouver votre gîte ;
Et de la part du prince on vous fait prisonnier.

Orgon
Traître ! tu me gardais ce trait pour le dernier :
C’est le coup, scélérat, par où tu m’expédies ;
Et voilà couronner toutes tes perfidies.

Tartuffe
Vos injures n’ont rien à me pouvoir aigrir ;
Et je suis, pour le ciel, appris à tout souffrir.

Cléante
La modération est grande, je l’avoue.

Damis
Comme du ciel l’infâme impudemment se joue !

Tartuffe
Tous vos emportements ne sauraient m’émouvoir ;
Et je ne songe à rien qu’à faire mon devoir.

Mariane
Vous avez de ceci grande gloire à prétendre ;
Et cet emploi pour vous est fort honnête à prendre.

Tartuffe
Un emploi ne saurait être que glorieux
Quand il part du pouvoir qui m’envoie en ces lieux.

Orgon
Mais t’es-tu souvenu que ma main charitable,
Ingrat, t’a retiré d’un état misérable ?

Tartuffe
Oui, je sais quels secours j’en ai pu recevoir ;
Mais l’intérêt du prince est mon premier devoir.
De ce devoir sacré la juste violence
Étouffe dans mon cœur toute reconnaissance :
Et je sacrifierais à de si puissants nœuds
Ami, femme, parents, et moi-même avec eux.

Elmire
L’imposteur !

Dorine
Comme il sait, de traîtresse manière,
Se faire un beau manteau de tout ce qu’on révère !

Cléante
Mais, s’il est si parfait que vous le déclarez,
Ce zèle qui vous pousse et dont vous vous parez,
D’où vient que pour paraître il s’avise d’attendre
Qu’à poursuivre sa femme il ait su vous surprendre
Et que vous ne songez à l’aller dénoncer
Que lorsque son honneur l’oblige à vous chasser ?
Je ne vous parle point, pour devoir en distraire,
Du don de tout son bien qu’il venait de vous faire ;
Mais, le voulant traiter en coupable aujourd’hui,
Pourquoi consentiez-vous à rien prendre de lui ?

Tartuffe, à l’Exempt
Délivrez-moi, monsieur, de la criaillerie ;
Et daignez accomplir votre ordre, je vous prie.

L’Exempt
Oui, c’est trop demeurer, sans doute, à l’accomplir ;
Votre bouche à propos m’invite à le remplir :
Et, pour l’exécuter, suivez-moi tout à l’heure
Dans la prison qu’on doit vous donner pour demeure.

Tartuffe
Qui ? moi, monsieur ?

L’Exempt
Oui, vous.
Tartuffe
Pourquoi donc la prison ?

L’Exempt
Ce n’est pas vous à qui j’en veux rendre raison.
(À Orgon.)
Remettez-vous, monsieur, d’une alarme si chaude.
Nous vivons sous un prince ennemi de la fraude,
Un prince dont les yeux se font jour dans les cœurs,
Et que ne peut tromper tout l’art des imposteurs.

 

Monsieur de Pourceaugnac :

 

Scène III
Deux Suisses, Monsieur de Pourceaugnac.

[…]
Second Suisse
Ah ! pon chour, Mameselle.
Premier Suisse
Que faire fous là tout seul ?
Monsieur de Pourceaugnac
J’attends mes gens, Messieurs.
Second Suisse
Ly est belle, par mon foy !
Monsieur de Pourceaugnac
Doucement, Messieurs.
Premier Suisse
Fous, Mameselle, fouloir finir réchouir fous à la Crève ? Nous faire foir à fous un petit pendement pien choly.
Monsieur de Pourceaugnac
Je vous rends grâce.
Second Suisse
L’est un gentilhomme Limosin, qui sera pendu chantiment à un grand potence.
Monsieur de Pourceaugnac
Je n’ai pas de curiosité.
Premier Suisse
Ly est là un petit teton qui l’est drole.
Monsieur de Pourceaugnac
Tout beau.
Premier Suisse
Mon foy ! moy couchair pien avec fous.
Monsieur de Pourceaugnac
Ah ! c’en est trop, et ces sortes d’ordures-là ne se disent point à une femme de ma condition.
Second Suisse
Laisse, toy ; l’est moy qui le veut couchair avec elle.
Premier Suisse
Moy ne vouloir pas laisser.
Second Suisse
Moy ly vouloir, moy.
Ils le tirent avec violence.
Premier Suisse
Moy ne faire rien.
Second Suisse
Toy l’avoir menty.
Premier Suisse
Toy l’avoir menty toy-mesme.
Monsieur de Pourceaugnac
Au secours ! À la force !

 

Questions sur le corpus (6 points)

Identifiez les procédés dramaturgiques utilisés dans les trois pièces. Quel est l’effet produit ? (3 points)

À quel type de comédie chaque extrait de pièce nous renvoie-t-il ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur une analyse de chaque scène proposée. (3 points)

Travail d'écriture (14 points)

Vous traiterez au choix l'un des deux sujets suivants.

commentaire

Vous ferez le commentaire de Tartuffe (texte B)

Dissertation

Pensez-vous que la comédie a pour fonction première de divertir le public ?

Vous examinerez la problèmatique suivante en vous fondant sur les extraits du corpus, de la séquence étudié ainsi que sur vos connaissances personnelles.

Questions : Le corrigé

2) A quel type de comédie chaque extrait de pièce nous renvoie-t-il ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur une analyse de chaque scène proposée.

L’avare, Molière.

Dans cet extrait, nous retrouvons une comédie de caractère car Molière se moque de l'avarice. Il en fait une caricature.

L'ambiguité du message "l'amour de mes louis d'or" est mal interprétée par Valère, il pense "la recherche d'une dot intéressante" n'est possible que si l'on confond mariage et intérêt d'argent. Il s'agit à ce niveau d'un problème de société mis en valeur par Molière. = comédie de moeurs, de cette confusion vient le comique de la scène qui fait rire d'un rire sérieux car la question est grave, c'est un point de société. Le rire ici fait réfléchir

Il s'agit aussi d'une comédie de caractère car Molière dénonce l'avarice du vieillard Harpagon qui préfère l'amour de l'argent à l'amour de sa fille.

Tartuffe, Molière.

comédie de moeurs et comédie de caractère. Molière critique les imposteurs, les hypocrites.

Monsieur de Pourceaugnac, Molière.

Monsieur de Pourceaugnac est une comédie-ballet écrite par Molière et créé en octobre 1669 au château de Chambord. Les parties musicales ont été composées par
Jean-Baptiste Lully.

Pourceaugnac = triomphe du jeu, des faux semblants

 

1) Identifiez les procédés dramaturgiques utilisés dans les trois pièces. Quel est l’effet produit ?

V, 3 L'avare, Molière

- quiproquo : méprise consistant à prendre une personne pour une autre, ou le discours qu'il tient pour un autre. La scène 3 est une scène de crise. Le malentendu est ici un problème décodage d'un même message. Le crime évoqué par Harpagon "crime" renvoie au "vol de ma cassette" alors qu'il s'agit pour Valère d' E 'Lise. Valère comprend amour là où Harpagon entend argent. Il y a donc ambiguité du message "crime", "trésor"...

- Champ lexical : celui de l'argent, du vol, de l'amour, du mariage. Les champs lexicaux sont donc ambivalents = cause directe de la persistance du quiproquo car l'ambiguité du message se poursuit et les interprétations divergent reflétant un conflit de caractères et de valeurs car chacun des deux hommes parlent de ce à quoi ils tiennent le plus. Ce procédé permet la critique de la comédie de caractère puisqu'il permet de dénoncer l'avarice du vieillard qui contraste avec le sentimentalisme exacerbé de Valère qui ne songe à aucun moment qu'Harpagon puisse faire référence à l'argent. Il ne pense qu'à l'amour. Ils ont chacun" leur trésor" qu'ils vénèrent de manière obsessionnelle.

TARTUFFE, ACTE V , SCÈNE DERNIÈRE

Lorsque Tartuffe arrive au nom du Prince, scène 7, accompagné d’un exempt (c’est-à-dire d’un fonctionnaire de la justice-police), tout laisse à croire que la situation va tourner à la catastrophe.
Ce n’est pas le cas.

Dénouement (coup de théâtre –deus ex machina-, éloge du roi)

Deus ex machina signifie en latin «Dieu issu de la machine » cette expression existait aussi dans le théâtre grec «Ἀπὸ μηχανῆς θεός/Apò mêkhan'ễ's theós » qui désigne un mécanisme qui met en scène une ou des divinités pour résoudre une situation désespéré. Au sens propre elle peut aussi désigner seulement la représentation d’une divinité sur scène. Cette expression est souvent employé dans le domaine du théâtre au sujet de l’arrivée d’un personnage à la fin d’une pièce et par qui le dénouement s’effectue

cette expression désigne l’événement inattendu et improbable qui vient régler les problèmes du protagoniste au dernier moment.

On peut aussi associer «Deus ex machina » à un coup de théâtre puisque c’est un évènement imprévu survenant pendant une pièce de théâtre.

l’intervention de l’autorité royale est un Deus ex machina. En effet dans l’Acte V Scène 7, le roi envoie un exempt car il a compris que Tartuffe était un faux dévot, l’exempt va informer Orgon que le roi ne croit plus Tartuffe, car il est démasqué. Tartuffe va donc être emprisonné.

Tartuffe est un escroc, non un dévot, et il avait pris ce masque. Cela signifie que la dévotion est un masque pour faire des escroqueries.

L’exempt (un représentant de la justice ) arrête Tartuffe, puis délivre un très long message de la part du Roi, des vers 1904 à 1944, dans lequel il explique les vertus du Prince.

• Comique de situation par le renversement de situation, l’effet de surprise, produit par l’arrestation inattendue de Tartuffe qui voulait faire arrêter Orgon.

• Comique de caractère avec Tartuffe qui est un imposteur.
La dramatisation fait place à la moralisation car le méchant est puni

 

Monsieur de Pourceaugnac, Molière.

Monsieur de Pourceaugnac est une comédie-ballet, nous y retrouvons..

• Comique de mots avec les deux suisses qui déforment les mots par leur accent. On a une opposition entre Mr de Pourceaugnac et les suisses car leur langage est très différent : Mr de Pourceaugnac utilise un langage plutôt soutenu alors que les suisses utilisent un langage familier.
• Comique de situation car Mr de Pourceaugnac est travesti.
• Comique de gestes car Mr de Pourceaugnac est tiré violemment par les deux suisses.

Pour aller plus loin 

Date de dernière mise à jour : 06/07/2021

Commentaires

  • Garnier
    • 1. Garnier Le 15/05/2016
    Merci beaucoup mais où est le commentaire?
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