Balzac, le colonel Chabert, bac blanc, questions corpus et commentaire de l'excipit

Le colonel chabert

 

 

Corpus de textes

Texte A : Balzac, Le Colonel Chabert : « Le triomphe des apparences »

Texte B : Balzac, Le Colonel Chabert : L’excipit


Texte A Balzac, Le Colonel Chabert

« Le triomphe des apparences »


(pp. 99-100 de l’édition Garnier-Flammarion)

Il fut reçu par elle dans une jolie salle à manger d’hiver où elle déjeunait en jouant avec un singe attaché par une chaîne à une espèce de petit poteau garni de bâtons en fer. La com-tesse était enveloppée dans un élégant peignoir, les boucles de ses cheveux, négligemment rat-tachés, s’échappaient d’un bonnet qui lui donnait un air mutin. Elle était fraîche et rieuse. L’argent, le vermeil, la nacre étincelaient sur la table, et il y avait autour d’elle des fl eurs curieuses plantées dans de magnifi ques vases en porcelaine. En voyant la femme du comte Chabert, riche de ses dépouilles, au sein du luxe, au faîte de la société, tandis que le malheureux vivait chez un pauvre nourris-seur au milieu des bestiaux, l’avoué se dit : « La morale de ceci est qu’une jolie femme ne voudra jamais reconnaître son mari, ni même son amant dans un homme en vieux carrick, en perruque de chiendent et en bottes percées. » Un sourire malicieux et mordant exprima les idées moitié philosophiques, moitié railleuses qui devaient venir à un homme si bien placé pour connaître le fond des choses, malgré les mensonges sous lesquels la plupart des familles parisiennes cachent leur existence.


Texte B Balzac, Le Colonel Chabert

L’excipit


(pp. 128 et130 de l’édition Garnier-Flammarion)

- Quelle destinée ! s’écria Derville. Sorti de l’hospice des Enfants trouvés, il revient mourir à l’hospice de la Vieillesse, après avoir, dans l’intervalle, aidé Napoléon à conquérir l’Égypte et l’Europe.

- Savez-vous, mon cher, reprit Derville après une pause, qu’il existe dans notre société trois hommes, le Prêtre, le Médecin et l’Homme de justice, qui ne peuvent pas estimer le monde? Ils ont des robes noires, peut-être parce qu’ils portent le deuil de toutes les vertus, de toutes les illusions. Le plus malheureux des trois est l’avoué. Quand l’homme vient trouver le prêtre, il arrive poussé par le repentir, par le remords, par des croyances qui le rendent intéressant, qui le grandissent, et consolent l’âme du médiateur1, dont la tâche ne va pas sans une sorte de jouissance: il purifi e, il répare, et réconcilie. Mais, nous autres avoués, nous voyons se répéter les mêmes sentiments mauvais, rien ne les corrige, nos études sont des égouts qu’on ne peut pas curer2. Combien de choses n’ai-je pas apprises en exerçant ma charge! J’ai vu mourir un père dans un grenier, sans sou ni maille, abandonné par deux fi lles auxquelles il avait donné quarante mille livres de rente !3 J’ai vu brûler des testaments4 ; j’ai vu des mères dépouillant leurs enfants, des maris volant leurs femmes, des femmes tuant leurs maris en se servant de l’amour qu’elles leur inspiraient pour les rendre fous ou imbéciles, afi n de vivre en paix avec un amant. J’ai vu des femmes donnant à l’enfant d’un premier lit5 des goûts qui devaient amener sa mort, afi n d’enrichir l’enfant de l’amour. Je ne puis vous dire tout ce que j’ai vu, car j’ai vu des crimes contre lesquels la justice est impuissante. Enfi n, toutes les horreurs que les romanciers croient inventer sont toujours au-dessous de la vérité. Vous allez connaître ces jolies choses-là, vous; moi, je vais vivre à la campagne avec ma femme, Paris me fait horreur.


Questions (6 points)

D’après la lecture de ces deux textes, quelle est la place de Derville dans le roman ? (3 points)

Quelle vision de la société proposent ces deux textes ? (3 points)

1. médiateur : intermédiaire. Le prêtre est l’intermédiaire entre Dieu et les croyants.

2. curer : racler, nettoyer en profondeur.

3. A llusion au Père Goriot, autre roman de Balzac.

4. Allusion à la tentative de Mme de Restaud de brûler le testament de son mari pour dépouiller ses enfants dans Gobseck.

5. d’un premier lit : d’un premier mariage.

 

Objet d’étude : Le roman et la nouvelle au XIXe siècle : réalisme

et naturalisme

Questions (6 points)


❶ D’après la lecture de ces deux textes, quelle est la place de Derville dans le roman ? (3 points)


➋ Quelle vision de la société proposent ces deux textes ? (3 points)


 

Pour aller plus loin 

Date de dernière mise à jour : 09/10/2018

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