Alain Badiou

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Alain Badiou, en 2012.

Naissance
(79 ans)
(Rabat)
Nationalité
Drapeau de France Français
Formation
École normale supérieure
Lycée Louis-le-GrandVoir et modifier les données sur Wikidata
École/tradition
philosophie postmoderne, métaphysique
Principaux intérêts
mathématiques, ontologie, politique, esthétique, théâtre, musique, poésie, marxisme, psychanalyse
Idées remarquables
invariants communistes, modèle, événement, site, multiplicités quelconques, antiphilosophie
Influencé par
Platon, Hegel, Marx, Mallarmé, Cantor, Wittgenstein, Mao, Sartre, Lacan, Althusser, Deleuze
A influencé
Belhaj Kacem, Barker, Critchley, Meillassoux, Žižek, Nina Power, Bosteels, Toscano
Père
Raymond BadiouVoir et modifier les données sur Wikidata

 

Dnbac repertoire

 

Alain badiou texteAlain badiou texte (1.83 Mo)

 

Définition du courage selon Alain Badiou

 

 

Lachès de Platon

 

Le Lachès (ou Sur le courage) appartient à la série dite des « Premiers Dialogues » de Platon

Examen de la question du courage avec Socrate.

Le Lachès traite de la nature du courage et n’offre en apparence aucune conclusion satisfaisante au lecteur. Termine sur une aporie. L'intérêt est donc dans le cheminement du dialogue.
 

Présentation du dialogue

Le dialogue est censé se dérouler pendant la guerre du Péloponnèse, en 424 avant J.-C. (Athènes contre Sparte).

deux généraux illustres d'Athènes, Nicias et Lachès, Socrate engagent une conversation sur le courage

L’entraînement aux armes est-il bon pour la jeunesse ?

La réponse des deux généraux, puis l'intervention de Socrate
 

. La réponse positive de Nicias

L’utilité de l’entraînement aux armes pour les jeunes garçons ne fait aucun doute, les jeunes gens éduqués de la sorte montreront plus tard une bien plus grande vaillance au combat.

. La réponse négative de Lachès

Lachès se montre beaucoup plus réservé que Nicias. Certes, il est toujours plus souhaitable de connaître une science que de l’ignorer, mais en l’occurrence a-t-on affaire à une véritable science ? Si tous ces maîtres d’armes avaient une telle utilité, alors les Spartiates, en grands connaisseurs de la guerre, se seraient intéressés à eux depuis longtemps. Or il n’en est rien.
 

Socrate propose une autre méthode 

Socrate réoriente le débat sur la notion de courage.

Qu’est-ce que le courage? 2ème partie du dialogue

 

Première réponse de Lachès : c’est faire tête à l’ennemi dans la bataille

Lachès « quand un homme est déterminé à faire tête à l’ennemi en gardant son rang, sans prendre la fuite ».

Deuxième réponse de Lachès : c’est une sorte de fermeté d’âme

« s’il faut en déterminer la nature dans tous les cas, il me semble que c’est une sorte de fermeté d’âme ».

Or la fermeté d’âme peut naître tout aussi bien de l’intelligence que de l’ignorance ou la folie, et dans ce dernier cas c’est une chose fort laide

Au final, le courage prend-il donc sa source dans l’intelligence ou dans l’ignorance ?

La réponse de Nicias : le courage est la "science des choses qu’il faut craindre et des choses qu’il faut oser".

La conclusion de Socrate

Nicias a défini le courage comme la science des choses à craindre.

 

 

Socrate oppose une objection : Nicias a défini le courage comme la science des choses à craindre. Or on ne peut que craindre des choses appartenant à l’avenir, et non pas au passé ou au présent. La science, au contraire, est une notion absolue se rapportant aux choses de tous les temps. Il en résulte que le courage, si c’est une science, est la science de tous les biens et de tous les maux, ce qui n’est autre chose que la définition de la vertu en général et non pas du courage en particulier. Socrate en tire la conclusion que sa méthode a échoué, et revient à sa proposition initiale de trouver un maître compétent pour leur enseigner la véritable nature du courage.

 

Définition philosophique du courage

 

Le courage est une vertu qui permet d'entreprendre des choses difficiles en surmontant la peur et en affrontant le danger, la souffrance.

Depuis l'antiquité et dans la plupart des civilisations, le courage est considéré comme l'une des principales vertus, indispensable au héros. Son contraire est la lâcheté. D'un point de vue moral le courage doit être guidé par le sens de la justice.

Le courage authentique requiert l'existence de la peur, ainsi que le surpassement de celle-ci dans l'action. Lorsque le danger est confronté sans peur, on parle plutôt d'« assurance » ou, de façon plus péjorative, d'inconscience, notamment lorsque le danger est manifestement sous-estimé

 

Aristote : la vertu

Dans la tradition grecque et romaine, la notion de vertu connote la puissance, la force. La vertu d'un homme est sa qualité propre, ce qui exprime sa nature dans son excellence

Ex : la vertu d'un cheval de course est de bien courir. La vertu de l'oeil est de bien voir. = conception grecque. Chaque élément à sa vertu propre

 

Quelle est la vertu de l'homme ? Qu'est-ce qui fait son excellence ?

La nature de l'homme c'est son âme (Socrate) ou encore Aristote : « l'homme est un animal doué de raison ».

La vertu de l'homme est donc d'accomplir son humanité en déployant la partie raisonnable de son être. Cela suppose chez les Grecs 4 vertus cardinales, la sagesse, le courage, la tempérance et la justice.

Pour Aristote : la vertu est un juste milieu entre des vices opposés. Exemple : le courage tient le juste milieu entre la lâcheté et la témérité.

La vertu éthique

La vertu éthique est la disposition qui permet de choisir entre le juste milieu (ni trop ni trop peu). = l' arétè = activité réussie en grec = c'est la définition de la vertu.

Le courage est une vertu morale qui implique la prudence qui assure la rectitude du but. La vertu est un juste milieu et un état habituel = une disposition acquise = une habitude = la vertu implique une capacité naturelle mais c'est l'exercice qui confère la puissance. On devient architecte en s'exerçant au métier d'architecte, on devient juste, courageux en s'exerçant à la justice ou au courage. C'est en s'exerçant au courage que l'on apprend à devenir courageux. L'habitude, l'exercice transforme en état habituel nos possibilités. Concrètement, un exercice selon la droite raison actualise la puissance sous forme vertueuse. L'habitude vertueuse rend aisée la conduite aisée.

Vertu =« une facilité acquise par l'exercice«  Foulquié

 

La vertu (aretè, excellence) est une disposition acquise, consistant dans un juste milieu relatif à nous, lequel est déterminé par la droite règle et tel que le déterminerait l’homme prudent. Ce n’est ni un don, ni une science. La moralité n’est pas seulement de l’ordre du logos (connaître le bien ne suffit pas pour le faire), mais du pathos et de l’êthos (mœurs).

 

Définition du courage

Les idées essentielles du texte :

 

Alain badiou texteAlain badiou texte (1.83 Mo)

 

Il se réfère au dialogue aporétique de Platon, le Lachès dans lequel les interlocuteurs et Socrate tentent de proposer une définition correcte du courage :

Le spécialiste, Lachès, général répond «le courage c'est quand je vois l'ennemi et que je cours vers lui pour le combattre ».

Alain Badiou tente à son tour de proposer une définition du courage «Courant les mêmes risques que le général Lachès, je vais donner ma définition du courage »..... « Je vais lui conserver le statut de vertu »

COURAGE = VERTU QUI SE CONSTRUIT

Car il s'agit de savoir comment être dignes.

« Je définis le courage comme la vertu qui se manifeste par l'endurance dans l'impossible ».

La vertu se construit donc elle n'est pas quelque chose qu'on a déjà, une disposition mais au contraire elle suppose des pratiques dans le temps car c'est la vertu d'endurance. Elle n'est pas pontuelle « ce n'est pas le point » mais elle se construit à force d'actions courageuses, elle est «la tenue du point ». On devient courageux en agissant courageusement, à force d'actions courageuses.

« La matière première du courage c'est le temps ». c'est une vertu active dans le temps

 

Autre formulation :

le courage c'est de ne pas être trop vite découragé.

«Le courage c'est le couragement qui défait le découragement »

= La vertu de courage.

 

 

"De quoi Badiou est-il le nom ? »

Article mis en ligne le mardi 29 janvier 2008

Dans son livre intitulé « De quoi Sarkozy est-il le nom ? », Alain Badiou propose une analyse originale partant du fait que Sarkozy est un symptôme, un élément révélateur de notre époque et des courants de pensée qui travaillent les mouvements politiques et les citoyens de ce pays. Afin de proposer un autre point de vue que celui de Badiou sur son livre , voici un entretien avec Evariste

 

 

Question : Tout à l’heure vous avez dit que la définition du courage donnée par Alain Badiou est importante, pourquoi ?

Évariste : D’une manière peut-être inconsciente, Badiou reprend l’argument Orwellien de la peur comme mode principal de « gouvernement des hommes ». Mais la volonté de résistance reste pour lui une expression de liberté. De ce point de vue, Badiou est une sorte d’Orwell optimiste ! Si on prend son livre, la référence au courage y est très importante pour deux points.

Primo, aujourd’hui il y a l’individu, isolé, en déperdition, au milieu de cette confusion qu’offre le monde et la gauche. Face à ce désarroi, Badiou invoque le courage dans sa conception non seulement de résistance à la peur, mais aussi – et c’est très important parce que c’est ce qui fonde le courage ! – dans son option de mise en mouvement et de définition une orientation là où il n’y a rien pour se repérer. De fait, en précisant que le courage c’est de faire un acte, même individuel, qui donne alors une orientation ponctuelle au milieu d’un environnement qui est, lui, complètement désordonné, Badiou redonne à l’individu la valeur absolue de son action et il explique comment on recrée des positions éthiques fortes. C’est une marque de noblesse restaurée à l’individu. C’est une déclaration très importante de rappeler de manière très simple ce que c’est que le courage et l’action.

Pour comparer, c’est un peu dans l’esprit de cette publicité, il y a quelques années, pour la prévention contre le HIV. Ça disait : « Le SIDA, il ne passera pas par moi ! ». Hé bien, c’est cela que dit Badiou avec sa définition du courage : « Le pétainisme de Sarkozy, il ne passera pas par moi ! ». Et c’est très fort de poser cela parce que cette phrase dit simplement à chaque individu : « Où tu es, même seul, tu peux refuser, ne pas collaborer, en agissant simplement dans une autre voie. Tu peux donner du sens là où personne ne sait quoi faire. C’est ça le courage. » Et cette déclaration rappelle que l’action politique réelle, ce n’est pas vouloir changer le monde entier, mais juste agir, simplement et là où l’on se trouve. Même sans militer, juste en refusant « de collaborer », c’est à dire « en agissant autrement ». Le fait d’agir, de « tenir un point » comme le dit Badiou, crée du sens, et c’est parce qu’une grande masse de gens créeront du sens ponctuellement, là où ils se trouveront, que l’ensemble commencera à s’organiser et à se donner une orientation, cette fois plus générale. Alors seulement une forme plus collective émergera.

Question : Et quel est le second point important dans ce que Badiou dit du courage ?

Évariste : L’autre point à relever est que cette manière de poser l’action est une manière éthique, et non une manière politique au sens social, économique, ou même collectif. Badiou ne nous dit pas de refuser Sarkozy et le pétainisme parce que l’on est « politiquement et économiquement contre », mais parce que l’on est « éthiquement et culturellement contre ». Le courage est une vertu, non un élément d’un programme politico-social, ni un projet de loi. Si ce point dans son analyse frappe si fort, c’est qu’il souligne par contraste que la gauche a trop négligé le terrain éthique et culturelle sur le terrain de l’individu, et qu’elle n’aborde plus depuis 30 ans la question de l’individualité et de son éthique de vie. Ce que relève Badiou est tout simplement cardinal pour la construction de la pensée de la gauche à venir.

En fait, Badiou est un enfant de 68 qui a refusé de se dédire. Or, l’abandon de ce terrain après son ouverture en Mai 68 a été une erreur grave. Il est inadmissible, et tristement révélateur, qu’un penseur comme Foucault ait été traité d’homme de droite simplement parce qu’il abordait la question de l’individualité sans le traiter comme « une partie d’un collectif ». Notre tradition à gauche est riche, nous l’avons simplement oublié. Et pour sa part, sans l’écrire explicitement, Badiou réintroduit la tradition française de l’auto-organisation insurrectionnelle républicaine. Il constate que nous sommes dans une période qu’il qualifie d’ « intervallaire », comme entre la commune de Paris de 1871 et octobre 1917. Il admet que le léninisme n’est plus la forme opératoire de la Révolution. Il réintroduit l’individu comme élément central de la résistance et de la contre-offensive. Or, et c’est d’autant plus intéressant de le constater de la part d’une personne qui fait de nombreuses référence à Marx (donc à une tradition allemande), Badiou retourne vers une tradition typiquement française de la lutte révolutionnaire républicaine. Cette tradition repose pour une très grande part sur la reconnaissance des individualités et de leurs spécificités. Et cette tradition-là n’est absolument pas allemande ; pas plus qu’elle n’est pas anglaise ou russe. Elle est viscéralement française, Blanqui en est une des figures. C’est notre culture, notre éthique, nous y revenons, nous devons y revenir pour nous reconstruire.


CSOJ - Alain Badiou par m4j1k

Vidéo supplémentaire sur le philosophe

Pour aller plus loin 

Date de dernière mise à jour : 07/10/2018

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