Fénélon

 

 

FENELON

 
 
 
 
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Portrait de Fénelon par Joseph Vivien

 

 
Nom de naissance François de Salignac de La Mothe-Fénelon
Activités Théologien, écrivain
Naissance 6 août 1651 Sainte-Mondane
Décès 7 janvier 1715 (à 63 ans) Cambrai

 

 

François de Salignac de La Mothe-Fénelon dit Fénelon, né le 6 août 1651 au château de Fénelon à Sainte-Mondane, mort le 7 janvier 1715 à Cambrai, est un homme d'Église, théologien et écrivain français.

Précepteur du duc de Bourgogne, archevêque de Cambrai (1695-1715), il s'opposa à Bossuet et tomba en disgrâce lors de la querelle du quiétisme, et surtout, après la publication de son roman, Les Aventures de Télémaque (1699), considéré comme une critique de la politique de Louis XIV. L'influence littéraire de ce roman fut considérable pendant plus de deux siècles.

 

Biographie

 

Origine et parcours

 

Fénelon, né le 6 août 1651 au château de Fénelon à Sainte-Mondane, était issu d'une famille noble du Périgord, ancienne mais appauvrie. Il est le fils de Pons de Salignac (1601-1663), marquis de La Mothe-Fénelon et de la seconde épouse de ce dernier, Louise de La Cropte[1]. Plusieurs des ancêtres de Fénelon s'étaient occupés de politique, et sur plusieurs générations certains avaient servi comme évêques de Sarlat. Comme il était un cadet (son père ayant eu neuf enfants de sa première épouse, Isabeau d'Esparbes de Lussan, et trois de sa seconde, dont Fénelon), il fut destiné de bonne heure à une carrière ecclésiastique, tout comme son demi-frère homonyme issu du premier lit, François Pons de Salignac comte de La Mothe-Fénelon, sulpicien et missionnaire au Canada.

Dans son enfance Fénelon reçut l'enseignement d'un tuteur au château de Fénelon, qui lui donna une solide connaissance du grec ancien et des classiques. En 1667, à l'âge de seize ans, on l'envoya à l'université de Cahors où il étudia la rhétorique et la philosophie. Quand le jeune homme exprima son attirance pour une carrière dans l'Église, son oncle, le marquis Antoine de Fénelon (un ami de Jean-Jacques Olier et de saint Vincent de Paul) l'envoya étudier au collège du Plessis, dont les étudiants en théologie recevaient le même enseignement que ceux de la Sorbonne. Il s'y lia avec Louis Antoine de Noailles, qui plus tard devint cardinal et archevêque de Paris. Fénelon montra un tel talent au collège du Plessis qu'il y prêcha avec succès dès l'âge de quinze ans.

Après avoir, à partir de 1672, étudié au séminaire Saint-Sulpice, également proche des jésuites, il fut reçu docteur en théologie à l'université de Cahors le 26 mars 1677 et ordonné prêtre à Sarlat, le 17 avril 1677[. Attirant l’attention sur lui par de belles prédications, il fut nommé en juin 1679[ par l'archevêque de Paris supérieur de l’Institut des Nouvelles Catholiques, un internat parisien consacré à la rééducation de jeunes filles de bonne famille dont les parents, d’abord protestants, avaient été convertis au catholicisme.

 

Fénelon écrivit plusieurs œuvres amusantes et en même temps instructives : d'abord une suite de fables, les Aventures d'Aristonoüs et les Dialogues des morts modernes, mais surtout, en 1694-1696, un roman éducatif d'aventures et de voyages Les Aventures de Télémaque, fils d'Ulysse.

Dans ce roman à la fois pseudo-historique et utopique, il conduit le jeune Télémaque, fils d’Ulysse, flanqué de son précepteur Mentor (manifestement le porte-parole de Fénelon) à travers différents États de l’Antiquité, qui la plupart du temps, par la faute des mauvais conseillers qui entourent les dirigeants, connaissent des problèmes semblables à ceux de la France des années 1690, plongée dans des guerres qui l’appauvrissent, problèmes qui cependant peuvent se résoudre (au moins dans le roman) grâce aux conseils de Mentor par le moyen d’une entente pacifique avec les voisins, de réformes économiques qui permettraient la croissance, et surtout de la promotion de l'agriculture et l’arrêt de la production d’objets de luxe.

Wikipédia

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TELEMAQUE

 

 
Pénélope défaisant son tissage à la lumière de la lampe, J. Wright, 1785. Télémaque enfant dort à l'arrière-plan.
 
Dans la mythologie grecque, Télémaque (en grec ancien Τηλέμαχος / Têlémakhos, « qui se bat au loin », en référence à son père) est le fils d'Ulysse et de Pénélope. Il apparaît dans les épopées grecques du Cycle troyen, et c'est surtout l'un des principaux personnages de l’Odyssée d'Homère, où il vient en aide à sa mère puis à son père contre les prétendants. Le personnage de Télémaque est présent dans les œuvres inspirées de l’Odyssée, mais sa postérité est aussi influencée par le roman de Fénelon Les Aventures de Télémaque, qui développe le thème des voyages de Télémaque à la recherche de son père.
 

En France, en 1699, Fénelon publie Les Aventures de Télémaque, un roman didactique qui met en scène l'éducation de Télémaque en mettant l'accent sur leur dimension morale et politique, et contient aussi une parodie du règne de Louis XIV. Mentor y devient l'archétype du bon professeur.

Quelques années après, en 1717, Marivaux publie une parodie du roman de Fénelon intitulée Le Télémaque travesti. Deux siècles après, en 1922, Louis Aragon publie à son tour un roman intitulé Les Aventures de Télémaque, où il réalise une réécriture du roman de Fénelon influencée par le dadaïsme et le surréalisme.

Télémaque apparaît dans le poème d'Alfred Tennyson Ulysse, composé en 1833.

Dans le roman de James Joyce Ulysse, qui est en partie une transposition de l’Odyssée à Dublin au XXe siècle, le personnage de Stephen Dedalus est généralement considéré comme correspondant à Télémaque.

Source wikipédia

 

Les aventures de Télémaque : un extrait en texte complémentaire

"Nous eûmes assez longtemps un vent favorable pour aller en Sicile; mais ensuite une noire tempête déroba le ciel à nos yeux, et nous fûmes enveloppés dans une profonde nuit. A la lueur des éclairs, nous aperçûmes d'autres vaisseaux exposés au même péril, et nous reconnûmes bientôt que c'étaient les vaisseaux d'Enée: ils n'étaient pas moins à craindre pour nous que les rochers. Alors je compris, mais trop tard, ce que l'ardeur d'une jeunesse imprudente m'avait empêché de considérer attentivement. Mentor parut dans ce danger, non seulement ferme et intrépide, mais encore plus gai qu'à l'ordinaire: c'était lui qui m'encourageait; je sentais qu'il m'inspirait une force invincible. Il donnait tranquillement tous les ordres, pendant que le pilote était troublé. Je lui disais: "Mon cher Mentor, pourquoi ai-je refusé de suivre vos conseils? Ne suis-je pas malheureux d'avoir voulu me croire moi-même, dans un âge où l'on n'a ni prévoyance de l'avenir, ni expérience du passé, ni modération pour ménager le présent? Ô si jamais nous échappons de cette tempête, je me défierai de moi-même comme de mon plus dangereux ennemi: c'est vous, Mentor, que je croirai toujours."

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EXPLICATION DE TEXTE, FENELON, LES AVENTURES DE TELEMAQUE, INCIPIT

 
 
 
 
 
 
TEXTE :
 
   Calypso ne pouvait se consoler du départ d'Ulysse. Dans sa douleur, elle se trouvait malheureuse d'être immortelle. Sa grotte ne résonnait plus de son chant; les nymphes qui la servaient n'osaient lui parler. Elle se promenait souvent seule sur les gazons fleuris dont un printemps éternel bordait son île: mais ces beaux lieux, loin de modérer sa douleur, ne faisaient que lui rappeler le triste souvenir d'Ulysse, qu'elle y avait vu tant de fois auprès d'elle. Souvent elle demeurait immobile sur le rivage de la mer, qu'elle arrosait de ses larmes, et elle était sans cesse tournée vers le côté où le vaisseau d'Ulysse, fendant les ondes, avait disparu à ses yeux.
Tout à coup, elle aperçut les débris d'un navire qui venait de faire naufrage, des bancs de rameurs mis en pièces, des rames écartées çà et là sur le sable, un gouvernail, un mât, des cordages flottant sur la côte; puis elle découvre de loin deux hommes, dont l'un paraissait âgé; l'autre, quoique jeune, ressemblait à Ulysse. Il avait sa douceur et sa fierté, avec sa taille et sa démarche majestueuse. La déesse comprit que c'était Télémaque, fils de ce héros. Mais, quoique les dieux surpassent de loin en connaissance tous les hommes, elle ne put découvrir qui était cet homme vénérable dont Télémaque était accompagné: c'est que les dieux supérieurs cachent aux inférieurs tout ce qu'il leur plaît; et Minerve, qui accompagnait Télémaque sous la figure de Mentor, ne voulait pas être connue de Calypso.
Cependant Calypso se réjouissait d'un naufrage qui mettait dans son île le fils d'Ulysse, si semblable à son père. Elle s'avance vers lui; et, sans faire semblant de savoir qui il est:
- D'où vous vient - lui dit-elle - cette témérité d'aborder en mon île? Sachez, jeune étranger, qu'on ne vient point impunément dans mon empire.
Elle tâchait de couvrir sous ces paroles menaçantes la joie de son cœur, qui éclatait malgré elle sur son visage.
Télémaque lui répondit:
- O vous, qui que vous soyez, mortelle ou déesse (quoique à vous voir on ne puisse vous prendre que pour une divinité), seriez-vous insensible au malheur d'un fils, qui, cherchant son père à la merci des vents et des flots, a vu briser son navire contre vos rochers?
- Quel est donc votre père que vous cherchez? - reprit la déesse.
- Il se nomme Ulysse - dit Télémaque - c'est un des rois qui ont, après un siège de dix ans, renversé la fameuse Troie. Son nom fut célèbre dans toute la Grèce et dans toute l'Asie, par sa valeur dans les combats et plus encore par sa sagesse dans les conseils. Maintenant, errant dans toute l'étendue des mers, il parcourt tous les écueils les plus terribles. Sa patrie semble fuir devant lui. Pénélope, sa femme, et moi, qui suis son fils, nous avons perdu l'espérance de le revoir. Je cours, avec les mêmes dangers que lui, pour apprendre où il est. Mais que dis-je? peut-être qu'il est maintenant enseveli dans les profonds abîmes de la mer. Ayez pitié de nos malheurs; et, si vous savez, ô déesse, ce que les destinées ont fait pour sauver ou pour perdre Ulysse, daignez en instruire son fils Télémaque.
Calypso, étonnée et attendrie de voir dans une si vive jeunesse tant de sagesse et d'éloquence, ne pouvait rassasier ses yeux en le regardant; et elle demeurait en silence. Enfin elle lui dit:
- Télémaque, nous vous apprendrons ce qui est arrivé à votre père. Mais l'histoire en est longue: il est temps de vous délasser de tous vos travaux. Venez dans ma demeure, où je vous recevrai comme mon fils: venez; vous serez ma consolation dans cette solitude; et je ferai votre bonheur, pourvu que vous sachiez en jouir.
 
EXPLICATION, du début à "sachiez en jouir."
 
            Jean Genette précise dans son ouvrage Seuils, que l’incipit d’un roman est un « seuil », une zone de transition entre le hors-texte et le texte, qui consiste en une transaction avec le lecteur, lui offrant une entrée programmatique. A la lecture de l’incipit des Aventures de Télémaque, écrit par Fénelon, nous comprenons ce que cette définition a de fondamental, puisqu’elle éclaire efficacement ces premières pages, et ce d’une triple façon.
 
               Lecture du passage.
 
 
            Nous allons donc voir en quoi et comment cet incipit remplit trois fonctions fondamentales et nous livre la facture, les thèmes et les enjeux de toute l’œuvre à venir.


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EXPLICATION DE TEXTE, FENELON, LES AVENTURES DE TELEMAQUE
 
 

 
TEXTE
 
          On arriva à la porte de la grotte de Calypso, où Télémaque fut surpris de voir avec une apparence de simplicité rustique, des objets propres à charmer les yeux, il est vrai qu'on n'y voyait ni or, ni argent, ni marbre, ni colonnes, ni tableaux, ni statues : mais cette grotte était taillée dans le roc, en voûte pleine de rocailles et de coquilles; elle était tapissée d'une jeune vigne qui étendait ses branches souples également de tous côtés. Les doux zéphyrs conservaient en ce lieu, malgré les ardeurs du soleil, une délicieuse fraîcheur ; des fontaines, coulant avec un doux murmure sur des prés semés d'amarantes et de violettes, formaient en divers lieux des bains aussi purs et aussi clairs que le cristal : mille fleurs naissantes émaillaient les tapis verts dont la grotte était environnée.
            Là on trouvait un bois de ces arbres touffus qui portent des pommes d'or, et dont la fleur, qui se renouvelle dans toutes les saisons, répand le plus doux de tous les parfums ; ce bois semblait couronner ces belles prairies, et formait une nuit que les rayons du soleil ne pouvaient percer. Là on n'entendait jamais que le chant des oiseaux, ou le bruit d'un ruisseau, qui, se précipitant du haut d'un rocher, tombait à gros bouillons pleins d'écume, et s'enfuyait au travers de la prairie.
            La grotte de la déesse était sur le penchant d'une colline. De là on découvrait la mer, quelquefois claire et unie comme une glace, quelquefois follement irritée contre les rochers, où elle se brisait en gémissant, et élevant ses vagues comme des montagnes. D'un autre côté, on voyait une rivière où se formaient des îles bordées de tilleuls fleuris et de hauts peupliers qui portaient leurs têtes superbes jusque dans les nues. Les divers canaux qui formaient ces îles semblaient se jouer dans la campagne: les uns roulaient leurs eaux claires avec rapidité ; d'autres avaient une eau paisible et dormante ; d'autres par de longs détours revenaient sur leurs pas, comme pour remonter vers leur source, et semblaient ne pouvoir quitter ces bords enchantés. On apercevait de loin des collines et des montagnes qui se perdaient dans les nues, et dont la figure bizarre formait un horizon à souhait pour le plaisir des yeux. Les montagnes voisines étaient couvertes de pampre vert qui pendait en festons : le raisin, plus éclatant que la pourpre, ne pouvait se cacher sous les feuilles, et la vigne était accablée sous son fruit. Le figuier, l'olivier, le grenadier, et tous les autres arbres, couvraient la campagne, et en faisaient un grand jardin.
 
 
Explication de texte de Les Aventures de Télémaque, de Fénelon, Livre I, page 122 à 123, de “On arriva” à “un grand jardin”
 
Les Aventures de Télémaque font suite au IVe livre de L’Odyssée : parti à la recherche de son père, Télémaque rend visite à Nestor (Odyssée, III) puis à Ménélas (IV). Il reviendra directement de Sparte en Ithaque où nous le retrouvons au chant XV. Mais Fénelon choisit de développer ce qu’Homère a passé sous silence, à savoir les aventures de Télémaque, et même si chronologiquement, cela semble impossible (Toutes ces aventures étant censées se dérouler pendant qu’Ulysse raconte ses propres péripéties à Alcinoüs, roi des Phéaciens), elles permettent au précepteur du duc de Bourgogne, petit fils de Louis XIV, de proposer un voyage mythologique dans une Méditerranée homérique tout aussi divertissant qu’instructif

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Date de dernière mise à jour : 14/10/2018

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