Commentaire littéraire et questionnaire, l'huître de Ponge




L'huitre, le parti pris des choses, Ponge


Questionnaire 
Introduction :
Francis Ponge poète contemporain du XX siècle auteur qu'on peut rapprocher du mouvement surréaliste, publie en 1942 ,un recueil intitulé le parti pris des choses rassemblant 32 petits poèmes en prose consacrés aux choses les plus ordinaires , les plus banales ,décrivant des éléments de la vie quotidienne.Il s'agit des choses au sens large , c'est à dire d'animaux (crevettes, papillons) ,des minéraux (le galet) des objets (le cageot,la bougie) des comestibles (le pain ,l'orange).Il tente ainsi d'offrir une autre vision des choses en leur conférant une fonction et une beauté nouvelles.Il refuse le lyrisme, et l'utilisation d'un langage artificiel. La poésie doit venir de l'objet décrit. Le poème étudié s’intitule l’huître .il réussit à travers ce poème à transformer l'objet le plus banal en un univers étonnant et poétique.


problématique : Comment le poème en prose parvient-il à rendre poétique un objet ordinaire ?
 


Support :
L'huître L'huître, de la grosseur d'un galet moyen, est d'une apparence plus rugueuse, d'une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C'est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l'ouvrir : il faut alors la tenir au creux d'un torchon, se servir d'un couteau ébréché et peu franc, s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles : c'est un travail grossier. Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d'une sorte de halos. A l'intérieur l'on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d'en dessus s'affaissent sur les cieux d'en dessous, pour ne plus former qu'une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l'odeur et à la vue, frangé d'une dentelle noirâtre sur les bords. Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d'où l'on trouve aussitôt à s'orner.
Francis Ponge - Le parti pris des choses (1942)




Introduction :
Francis Ponge poète contemporain du XX siècle auteur qu'on peut rapprocher du mouvement surréaliste, publie en 1942 ,un recueil intitulé le parti pris des choses rassemblant 32 petits poèmes en prose consacrés aux choses les plus ordinaires , les plus banales ,décrivant des éléments de la vie quotidienne.Il s'agit des choses au sens large , c'est à dire d'animaux (crevettes, papillons) ,des minéraux (le galet) des objets (le cageot,la bougie) des comestibles (le pain ,l'orange).Il tente ainsi d'offrir une autre vision des choses en leur conférant une fonction et une beauté nouvelles.Il refuse le lyrisme, et l'utilisation d'un langage artificiel. La poésie doit venir de l'objet décrit. Le poème étudié s’intitule l’huître .il réussit à travers ce poème à transformer l'objet le plus banal en un univers étonnant et poétique.

problématique :
Comment le poème en prose parvient-il à rendre poétique un objet ordinaire ?


Nous ferons d'abord comment le poème est d'abord une description puis une poétisation de l’huître.

1)le poème est d’abord une description :
a) l’organisation du poème


L'organisation du poème s'articule autour de 3 paragraphes de plus en plus courts : en fonction de la grosseur des éléments décrits :
Le premier paragraphe est constitué de 5 phrases ,on trouve une vision extérieure : l’huître close, dans son intégrité et la méthode pour l’ouvrir.
Le deuxième paragraphe est constitué d'une phrase longue et décrit l’intérieur de l’huître : le monde caché qu’elle renferme puis le dernier est composé d'une seule phrase et nous parle de la perle : la symbolique de l’objet : il faut accepter de dépasser l’aspect extérieur, l’apparence pour aller à la rencontre de la réalité qu’elle renferme. Le texte souligne aussi la difficulté que cela représente : l’homme doit se blesser pour l’ouvrir (l 7)

b)les éléments de la description :

Ponge nous fait une description très précise de l’huître fermée : elle est comparée à un « galet moyen », au moyen de comparatifs de supériorité  (« plus rugueuse ») et d’infériorité (« moins unie »). Tout est décrit, sa forme, sa taille, sa couleur, à l’aide du vocabulaire des cinq sens comme la vue avec les termes« apparence, grosseur, brillamment » le toucher :  « plus rugueuse, la tenir, visqueux »,le goût : « boire, manger » et enfin l’odorat avec « l’odeur »
L’objet est vu sous tous ses aspects, positifs comme négatifs : c’est un objet dur et mou à la fois (« galet # s’affaissent, couteau # visqueux) , le suffixe « âtre » est utilisé pour montrer sa laideur ( « blanchâtre, verdâtre »)L’huître est donc un un objet qui fascine et répugne en même temps grace a l'oxymore suivant : «« brillamment blanchâtre » associe un terme positif à un terme négatif .On peut voir que les sons sont associés a cette description ,avec beaucoup de consonnes et d’accents circonflexes qui imitent la forme en double coquille de l’huître. Les allitérations en r imitent la rugosité de la coquille .

la description est une tentative pour voir l’objet sous tous ses aspects, positifs et négatifs. Le texte se présente de manière structurée, comme une définition, mais qui n’a malgré tout rien à voir avec celle du dictionnaire. Ponge veut dépasser le simple aspect banal de l’objet pour permette d’en saisir son « essence » : seule la poétisation de l’objet peut l’y amener.

2)la poétisation de l’huître:
a) la mise en valeur de l’huître


Nous allons voir comment l’huître est mise en valeur : elle devient un « objet vivant ».
Ponge transforme l’huître, objet banal, en sujet poétique grâce à une métaphore principale qui humanise l’objet . En effet, certaines expressions lui attribuent des qualités relatives à un être vivant : V 3 : « opiniâtrement clos » : démontre une volonté propre ; V8 :  «  les coups qu’on lui porte » : comme dans une lutte, semble se défendre ; V 12 « s’affaissent » comme si elle était vaincue ; V16 « le gosier » s’applique normalement à un animal ou un humain.
On perçoit la présence de l'homme mais celui ci est en arrière plan , le « on » au vers 4 nous suggère cette présence sans toutefois pouvoir l'identifier.
De plus certains actions nous sont suggérées sans que l’on puisse le voir « les doigts curieux » V6 ,7 c’est un Hypallage (déplacement du mot qui qualifie vers un autre mot pour ne pas désigner clairement la personne ici).Nous pouvons aussi entrevoir l'idée d’une lutte entre l’huître et l’homme : le rythme ternaire « il faut alors la tenir….se servir d’un couteau….s’y reprendre….) auquel s’associe l’allitération en K « curieux, coupent, cassent) évoquent la violence de la lutte, l’acharnement de l’homme dans les vers 4 à 8

b) l’huître : un monde métaphorique :

l’huître une fois ouverte ,mais cela se mérite, révèle ses différents secrets. C'est un monde plein de richesse évoqué par l'expression «à boire et à manger » c'est un véritable « petit univers » ou l'on trouve des éléments naturels comme la terre ,l'eau et l'air avec les mots « qalet, mare , les bords »mais aussi des élements religieux avec le mot « cieux ».Mais attention cet objet est aussi un objet répugnant par son odeur et son aspect « visqueux, noiratre, verdâtre ».
donc nous avons d'un coté un objet qui fascine et de l'autre un objet répugnant comme le montre ces différentes antithèses « dentelle noirâtre », « cieux s’affaissent »

Nous avons une transfiguration poétique (le réel est transformé en poésie ) dès lors cette description devient symbolique

c)la symbolique de l’huitre : une allégorie à la fois de l’écriture du poème et de sa lecture.

En effet la perle , symbole de perfection ,de rareté est ici associée à la rondeur : celle de l’huître mais aussi celle du cosmos et du monde, tout est lié. La « dentelle noirâtre » peut être le symbole de l’acte d’écrire, les lignes sur la feuille. La perle dont il s'agit est en fait un poème. Le poème est comme l’huitre : il faut réussir à entrer dedans pour en percevoir la beauté, cela demande des efforts et provoque des souffrances, d’où l’image de la lutte entre l’homme et l’objet. Cette difficulté à ouvrir l'huitre est en quelque sorte une invitation à décortiquer le texte et à en apprécier la saveur et le trésor.
En effet la poésie est un trésor caché, il faut accepter de jouer, de saisir le sens des mots pour en comprendre la richesse.Il s'agit de l' « objeu ».


Conclusion :
Le texte L'huître, de Francis Ponge, est donc bien un poème. Cela se ressent au fur et à mesure de la lecture et est confirmé par la dernière phrase. il ne cherche pas à exprimer certaines idées par des images poétiques, il part avant tout de l'objet et ce sont les particularités de cet objet qui l'amènent à une symbolique, il se propose de voir l'objet sous un autre jour, mais en s'imposant toujours de partir de l'objet lui-même..Pour révéler l’huître, il a fallu la détruire, Ponge illustre ainsi ce que représente l’écriture poétique pour lui : le poème est une création mais qui nécessite de détruire le langage pour mieux le reconstruire, lui donner un sens plus parfait. Ainsi un objet repoussant , laid semblera beau.
Ouverture : Les fleurs du mal

 


1)le poème est d’abord une description :

2)la poétisation de l’huître:

 


Ouvertures possibles :
Ponge est-il tel le voyant rimbaldien qui est capable d'aller au-delà de la surface des mots et des choses?
Retrouve t'-on cet au-delà des mots dans le pain et le gymnaste?

 


Questionnaire oral EAF :


*** Les réponses aux questions sont dans le commentaire


Questions sur l’introduction : De quel siècle Ponge est-il? De quel mouvement littéraire peut-on le rapprocher?
Quand publie t’-il son recueil le parti pris des choses? Combien rassemble t’-il de poèmes? Sont-ils en vers ou en prose? A quoi les poèmes sont-ils consacrés? Que décrivent-ils? Citez 4 poèmes de Ponge tirés du même recueil Quelle est la vision de Ponge? Quelle fonction confère t’-il au langage poétique? Refuse t’-il le lyrisme?

Questions sur le développement dans le respect des axes du commentaire :


1)le poème est d’abord une description :

a) l’organisation du poème De combien de paragraphes le poème est-il formé? De combien de phrases le premier paragraphe est-il constitué?
Quelle vision avons-nous dans le premier paragraphe? Comment le second paragraphe est-il constitué? Que décrit-il? Comment le dernier paragraphe est-il construit? De quoi y est-il question? Quelle est la symbolique de l’objet? En quoi cela évoque t’-il une certaine difficulté?


1)le poème est d’abord une description :


b)les éléments de la description :

Comment l’huître fermée est-elle décrite? Relevez les termes et expressions relatives à la description de l’huître Que traduisent les comparatifs? Comment la description est-elle conduite? Relevez les expressions qui traduisent les différents aspects positifs et négatifs de l’objet Pourquoi cet objet fascine t’-il? Pourquoi répugne t’-il? En quoi les sons jouent-ils un rôle dans la description? Relevez un oxymore : que traduit-il? Que mettent en avant les allitérations en « R »? Peut-on dire que le texte soit structuré? Quelle est l’intention de Ponge? Quel moyen permet au poète de saisir l’essence de l’objet?


2)la poétisation de l’huître:

a) la mise en valeur de l’huître

Peut-on dire que l’huître devienne un objet vivant? L’huître est-il transformé en objet poétique? Comment? En quoi? Montrez qu’il y a une humanisation de l’objet. Citez le texte pour justifier votre réponse L’homme est-il en arrière plan? Justifier votre réponse Cette présence reste t’-elle toujours implicite? Relevez un rythme ternaire et une allitération en « K » Que traduisent-ils?


2)la poétisation de l’huître:

b) l’huître : un monde métaphorique :

Montrez que l’huître, une fois ouverte est un véritable « petit univers ». Quels éléments y trouve t’-on? Que traduisent les antithèses? Relevez les et analysez les La description devient-elle symbolique?


2)la poétisation de l’huître:

c)la symbolique de l’huitre : une allégorie à la fois de l’écriture du poème et de sa lecture.

Que symbolise la perle? De quoi « la dentelle noirâtre » est-elle le symbole? A quoi la perle est-elle assimilée? Montrez la lutte entre l’homme et l’objet Comment comprenez-vous la difficulté suggérée?

Conclusion :

Que vous suggère la dernière phrase? Comment Ponge parvient-il à une symbolique?
Comment Ponge perçoit-il l’écriture poétique? Le poème? Cela suppose t’-il un travail sur le langage? Une déconstruction? Une recréation?





Le Parti pris des choses


Ponge

Le Parti pris des choses est un recueil de poèmes en prose écrit par Francis Ponge et paru en 1942.

Dans ce recueil, il tente de décrire les objets et les
choses du quotidien d'une apparence banale et les investies de connotations
diverses. Il tente ainsi d'offrir une autre vision des choses en leur conférant
une fonction et une beauté nouvelles. Les fonctions sont déplacées et la
poétisation des objets à son paroxysme. Les objets sortent ainsi de leur
banalité quotidienne grâce aux mots dotés de qualités linguistiques nouvelles.
Ce poète est l'un des seuls à avoir donné une telle beauté aux objets du
quotidien.


Il utilise les images, métaphores, comparaisons, pour mettre en avant l'originalité de ses descriptions et offre de ce fait au lecteur
une autre perception des choses hors du sens commun.

Il nous suggère une poésie hors des stéréotypes et des règles d'écriture. Le papillon devient "une allumette volante", la fleur, "une tasse mal lavée"...


Il créé ses propres objets poétiques, le pain, le cageot, l'orange..... et subjectivise leur rapport au monde. Il recrée les choses au-delà de tous les stéréotypes possibles.


Biographie de Francis
Ponge



Francis Ponge (27
mars 1899 – 6 août 1988)


Francis Ponge nait à Montpellier le 27
mars 1899, de Juliette Saurel et Armand Ponge, issu d’une famille huguenote
nîmoise. Ponge était un amateur d'art et de philosophie

En 1915, il
obtient la meilleure note de l’académie en philosophie pour une dissertation sur
' L’art de penser par soi-même '.

En 1916, il entre en hypokhâgne au
lycée Louis-le-Grand. Il publie son premier sonnet dans la Presqu’île n° 4
(octobre) sous le pseudonyme de Nogères.

En 1921, il rédige ' Esquisse
d’une parabole ',

Francis Ponge (27 mars 1899 – 6 août 1988)


Francis Ponge se dit lui-même de la génération surréaliste mais s’il
partage certains principes – mysticisme, irrationnel et appel à l’inconscient –


il adhère au parti socialiste et entre chez Gallimard suite à sa
rencontre avec Paulhan.

En 1926, il publie Douze Petits Ecrits que l’on
peut définir comme le fondement de sa poétique.

En 1937, il entre au
Parti Communiste Français et en 1942, il publie Le Parti Pris des Choses qui
marque son entrée dans le monde littéraire.

en 1947 acquiert une
renommée internationale alors qu’il est professeur à l’alliance française.


Il publie Proêmes en 1948, La Seine en 1950, La Rage de l’Expression en
1952, Le Soleil placé en abîme en 1954, Pour un Malherbe en 1965 ainsi que
divers textes sur la peinture.

Il meurt à Bar-sur-Loup le 6 août
1988.

 

 

 

 

 

 
   
Le bac de français

Pour aller plus loin 

Date de dernière mise à jour : 05/03/2021

Commentaires

  • jojo
    • 1. jojo Le 28/06/2015
    jojo
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