Imaginez la scène finale de Tartuffe sous la forme d'un dénouement de tragédie

DNBAC

 

Tartuffe, de Molière
Groupement de textes n° 3 : Le héros et le pouvoir au théâtre.

L'écriture d'invention (sujet de type 3 du baccalauréat) : Vous imaginerez la scène finale de Tartuffe sous la forme d' un dénouement de tragédie. Vous êtes libre de conserver ou de modifier le nombre de personnage(s) présent(s) sur scène (tous ceux que Molière met en scène, ou seulement quelques-uns d'entre eux, voire un seul, si vous choisissez de rédiger un monologue).
Il vous faudra toutefois respecter les caractéristiques suivantes :

• l'utilisation de didascalies, concernant le ton de la voix du ou des personnage(s), les gestes, les costumes, le décor, voire l'éclairage.
• La gestion des répliques, brèves ou longues, en utilisant éventuellement des tirades ou un monologue, selon votre choix.
• Les caractéristiques de la tragédie (entre autres, un dénouement fatal).
• Celles du registre tragique.

Toute référence culturelle pertinente est valorisée.


Devoir n°1 : Malika G.


Tartuffe Acte V scène 7


La scène a pour cadre, comme toutes les précédentes, le salon de la famille d’Orgon. On peut y voir cinq fauteuils de velours rouge disposés en demi-cercle sur l’extrémité gauche de la scène autour d’une cheminée allumée. Au fond et au centre se trouve une porte de bois avec une poignée dorée donnant de toutes évidences sur les autres pièces de la maison. A l’extrémité droite de la scène on peut voir une table en bois, où le couvert est dressé mais personne n’est à table. En fait il n’y a sur scène qu’un seul personnage, Tartuffe, assis dans le plus grand des fauteuils, près de la cheminée. La lumière des flammes danse sur son visage, il sourit tranquillement.
Orgon, Elmire, Marianne, Cléante, Damis, Dorine, Madame Pernelle, Tartuffe
Tous entrent dans un grand état d’agitation en parlant entre eux, personne ne remarque Tartuffe dans son fauteuil
Orgon
Une lettre à la main, on peut voir sur l’enveloppe un sceau officiel
Je ne m’étais pas rendu compte que j’avais perdu ma dignité dans cette entreprise, et maintenant que je mesure l’étendu de ce que je n’ai plus, notre Roi m’inflige une autre perte ! Juste et digne monarche, il me fait perdre mes possessions matérielles, ma maison et les restes de ma vie car ma naïveté ne mérite aucune concession et ne saurait trouver de pardon !
Madame Pernelle
Il serait facile de dire que tu es seul coupable dans cette machination, moi, ta mère ! Je n’ai pas su reconnaître la marque du diable dans cet être lorsque pour la première fois tu l’amenas sous notre toit et, faisant preuve d’une naïveté tout aussi coupable, je n’ai pas su te donner les conseils qu’il fallait si bien que rien ne semblait pouvoir prévenir cette fin !
Elle se prend la tête dans ses mains et s’asseoit sur une des chaises autour de la table, Marianne s’asseoit à côté d’elle et la prend dans ses bras.
Elmire
Ce maudit homme avait en lui plus de perfidie qu’un serpent et plus de venin encore ! Se faire ensorceler par un démon n’est pas matière à rougir et si vous voulez garder ce que votre vie jusqu’ici vous a enseigné, prenez la dignité qui vous reste car elle n’est pas là où Tartuffe croit l’avoir prise et de notre fin tirons la fierté qui reste aux démunis !
Dorine
Ayez le réconfort de penser que ce perfide homme ira moins loin avec nos biens que nous sans car ce Dieu dont il se targuait saura reconnaître en lui la créature de son ennemi.
Damis
Sortant une dague de sa poche, marchant jusqu’à l’avant scène, sa rage est palpable.
Il ne sera pas dit que notre famille aura abandonné sans se battre ! Mon poing jusqu’ici s’est serré mais n’a encore pu se refermer sur la gorge de ce vaurien ! Laissez-moi lui montrer la couleur de ma colère, laissez-moi faire regretter à ce pleutre de n’avoir plus de cran, laissez-moi l’envoyer plus tôt qu’il ne l’aurait cru auprès de ce Dieu accablé de honte d’avoir été faussement servi par un démon !
Cléante
S’approchant de Damis et lui prenant la dague des mains
Ne t’abaisse jamais à ce qu’aurait fait un de tes ennemis ! Cette dague ferait couler un sang qui prendrait la couleur de notre honte ! Ne comprends tu pas ? Nous avons été fait les pions d’une histoire dont nous ne maîtrisons rien, le Roi a décidé pour nous la fin et s’opposer à sa décision serait faire de nous des lâches ! Nous sommes servants de Dieu et de l’Etat alors range cette arme qui assassinerait en même temps que notre ennemi ceux à qui nous devons respect !
Damis
D’une voix où colère et désespoir se mêlent.
Ne nous vengerons-nous pas ? Ne lui ferons-nous pas regretter chacun de ses mots à ce fourbe ? Ne reprendrons-nous pas commande de nos vies ?
Cléante
Avons-nous jamais eu commande de notre destin ?
Tartuffe se lève du fauteuil et tout le monde le regarde soudain, se rendant compte qu’il a été là durant tout leur échange. Les réactions sont diverses : Damis esquisse un geste pour se jeter sur lui mais se fait retenir par Cléante, Elmire se rapproche de son mari et leurs expressions s’apparentent au dégoût et au défi. Dorine détourne la tête dans une moue de mépris tandis que Marianne et Madame Pernelle relèvent la tête, Marianne se lève. Tartuffe quant à lui sourit toujours, avec une expression de satisfaction déplaisante peinte sur son visage

Tartuffe
Ecoutez votre oncle, cher Damis, faire couler mon sang ne rachèterait pas le vôtre, moi qui pensais que vous n’aviez pas la naïveté de votre père me voila déçu…
Mme Pernelle
Démon !

Orgon
Je t’ai secouru et voilà comment je suis récompensé ! Je t’ai aimé et voilà le visage que tu me montres ! Mais s'il est encore possible de parler à ton cœur, laisse ma famille en paix ! Je suis seul coupable de t’avoir cru, seul responsable de notre perte, alors épargne-les, laisse-les garder leurs biens, donne-leur le temps nécessaire pour quitter cette demeure qu’ils ont chérie ! Je m’éclipserai dès ce soir, prends gage de mon absence et tolère leur présence.
Tartuffe
Quel plaidoyer touchant ! Mais mon cœur auquel vous voulez parler appartient à l’Etat et ce dernier m’est reconnaissant d’avoir su trouver en vous les faiblesses qui vous amènent à ne pas savoir le servir correctement, si vous vous abaissez si facilement devant moi les vrais ennemis du Roi n‘auraient pas besoin de beaucoup de temps pour faire de vous un traître !
Dorine
Lâche ! Pourquoi mentir encore ? Le seul qui t’a envoyé dans notre maison c’est le diable lui-même ! Jouons cartes sur table et n’essaie pas de pervertir nos pensées en te targuant d’une autre mission sainte !
Tartuffe
Mais, Madame, jouez s' il vous plaît ! La partie qui s’est déroulée ici, je l’ai gagnée et n’ai rien à ajouter !
Il fait une révérence, un sourire ironique aux lèvres
Et maintenant, je m’en vais quérir mon prix et vous devriez partir avant que ma colère ne s’abatte sur vous, profitez de ce que la satisfaction fait poindre en moi des sentiments proches de la compassion.


Damis
Essayant sans succès d’échapper à l’étreinte de Cléante
Pleutre ! Assassin ! Viens te mesurer à moi ! Accepte de remettre en jeu ce que tu as gagné par la fourberie ! Un combat singulier où l’enjeu serait ce que tu as volé sournoisement !
Tartuffe
Le temps des duels est un temps révolu. Ce que j’ai rendu à l’Etat je ne prendrai pas le risque de le perdre dans une fougue qui sied peu aux serviteurs du Roi.

Lire la suite

 

BAC

Pour aller plus loin : consultez les documents du site 

Date de dernière mise à jour : 24/07/2021

Les commentaires sont clôturés