Racine, Phèdre, II, 2

DNBAC

 

 

RACINE : PHEDRE : ACTE II SCENE 2 : VERS 524 - 552

L'AVEU AMOUREUX D'HIPPOLYTE A ARICIE

Texte étudié :

HIPPOLYTE

Je me suis engagé trop avant.
Je vois que la raison cède à la violence.
Puisque j'ai commencé de rompre le silence,
Madame, il faut poursuivre : il faut vous informer
D'un secret que mon cœur ne peut plus renfermer.
Vous voyez devant vous un prince déplorable,
D'un téméraire orgueil exemple mémorable.
Moi qui, contre l'amour fièrement révolté,
Aux fers de ses captifs ai longtemps insulté ;
Qui des faibles mortels déplorant les naufrages,
Pensais toujours du bord contempler les orages ;
Asservi maintenant sous la commune loi,
Par quel trouble me vois-je emporté loin de moi ?
Un moment a vaincu mon audace imprudente :
Cette âme si superbe est enfin dépendante.
Depuis près de six mois, honteux, désespéré,
Portant partout le trait dont je suis déchiré,
Contre vous, contre moi, vainement je m'éprouve :
Présente je vous fuis, absente je vous trouve ;
Dans le fond des forêts votre image me suit ;
La lumière du jour, les ombres de la nuit,
Tout retrace à mes yeux les charmes que j'évite,
Tout vous livre à l'envi le rebelle Hippolyte.
Moi-même, pour tout fruit de mes soins superflus,
Maintenant je me cherche, et ne me trouve plus.
Mon arc, mes javelots, mon char, tout m'importune.
Je ne me souviens plus des leçons de Neptune.
Mes seuls gémissements font retentir les bois,
Et mes coursiers oisifs ont oublié ma voix.
Peut-être le récit d'un amour si sauvage
Vous fait en m'écoutant rougir de votre ouvrage.
D'un cœur qui s'offre à vous quel farouche entretien !
Quel étrange captif pour un si beau lien !
Mais l'offrande à vos yeux en doit être plus chère.
Songez que je vous parle une langue étrangère,
Et ne rejetez pas des vœux mal exprimés,
Qu'Hippolyte sans vous n'aurait jamais formés.

 

Plan d'étude

 

  • I - Un héros classique
  • L'élite sociale
  • L'élite mentale
  • L'élite morale
  • II - Un héros amoureux
  • La condescendance
  • L'obsession
  • Le combat
  • III - Un héros bienséant
  • Une déclaration violente
  • Une violence conscience
  • Une violence bienséante

 

Travail d'écriture

Ecrire une tirade en alexandrins d'une page d'une personne qui fait un aveu en s'inspirant de la scène 2, de l'acte II de Phèdre dans un langage moderne sur le thème de l'amour


 

Alexandrin

L'alexandrin est, en métrique française classique, un vers composé, formé de deux hémistiches (ou sous-vers) de six syllabes chacun. Les deux hémistiches s'articulent à la césure, qui est le lieu de contraintes spécifiques.

Les métriciens du 19ème ont cru pouvoir identifier deux formes d'alexandrin : le tétramètre, ou alexandrin classique, et le trimètre, forme particulière popularisée à l'époque romantique. On tend aujourd'hui à considérer que ces découpages rythmiques secondaires ne relèvent pas à proprement parler de la métrique et que, par conséquent, ils ne sauraient participer de la définition de l'alexandrin1. On ne saurait en revanche se contenter de définir l'alexandrin comme un vers de douze syllabes : les composants de l'alexandrin sont les hémistiches, et les syllabes ne sont que les composants de l'hémistiche. On lit parfois que l'alexandrin compte douze pieds, mais le terme de « pied » ne désignant dans ce cas pas autre chose que des syllabes, il vaut mieux l'éviter.


 

La tirade
 

Mon amour et ma passion me portent trop haut

Je le crains car mes sentiments sont trop violents,

Ma raison s'égare et mon cœur s'en empare.

Mon amour pour Jade me rend si imprudent

Moi le fougueux Jean et toi la Jade, je pars

Dans ton monde, vers l'amour inconnu de nous.

T'aimer toujours plus et toujours plus fort, du haut

De mon cœur vers ton cœur, te donne mon âme

Pour te jurer mon amour éternel, toujours

Je t'avoue, je t'aime et je t'aimerai toujours

C'est pour cela que je te déclare ma flamme.

Toi ma belle a su rendre mon coeur dépendant

Je ne pouvais plus te le cacher plus longtemps

L’amour est si profond que l’on n’y voit pas la fin

Mais c'est je te l'avoue le plus beau des destins.

Amour déraisonnable, passionné et fou,

Amour qui a dérobé mon cœur et mon âme

Pour toujours et à jamais consummer la flamme

Bel, grand et éternel amour passion sans larmes.

Te souviens tu de cet après-midi d’été ?

Tu m’as volé mon cœur au milieu de la foule.

Cette chevelure sous le soleil doré

Evoquait le mouvement gracieux de la houle,

Ta silhouette au rythme du vent, s'accordait

Avec le bel et doux parfum du jour ambiant,

Et ton tendre, magnifique regard perçant

Me fit trembler, et d'un grand frisson passionné

Je me dis : "de mon amour, je suis prisonnier".

Ainsi donc, la femme de mes rêves naissait.

Je suis depuis lors, de toi, l'esclave à jamais

Et de ma vie, jamais je ne te quitterai.


 

Date de dernière mise à jour : 06/07/2021

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