Etude comparative de l'incipit et de l'excipit de l'Etranger. Une oeuvre intégrale au bac de français

 

 

 

Etude comparative du début et de la fin de l'étranger

 
Introduction
Rappeler qques éléments biographique sur Camus
Autour d'une scène identique : "s'endormir/se réveiller , la situation initiale et la situation finale opposent la vie de Meursault en liberté et sa vie en prison.Cette opposition centrale organise tout un réseau d'autres oppositions que l'on pourra étudier dans une analyse comparative.
 
1)Meursault et sa mère
 
Entre le début et la fin du roman , on peut remarquer des oppositions.
  • Au début : C'est un télégramme reçu de l'asile qui conduit Meursault à penser à sa mère
  • A la fin : Meursault annonce:" Pour la première fois , depuis bien longtemps , j'ai pensé à maman".Il pense donc à sa mère ici non sous l'effet d'un événement exterieur , mais de lui -même.
  • Au début : il pense à sa mère dans la perspective des obsèques:il demande un congé à son patron , il va se procurer un brassard noir et une cravate.
  • A la fin :Meursault semble réaliser que sa mère , proche de la mort, a vécu des moments importants :"maman était prête à tout revivre /elle a joué à recommencer"
  • Au début : Meursault n'exprime aucun sentiments face au décès de sa mère.L'enchainement est immédiat entre la nouvelle de sa mort et les modifications d'emploi du temps qu'elle entraine : "je prendrai l'autobuz","j'ai demandé deux jours de congé".Le décès de sa mère ne bouleverse pas les habitudes de Meursault : "j'ai mangé chez céleste, comme d'habitude". Aucun modalisateur ne marque la tristesse du personnage. Les éléments négatifs sont contextuels et matériels, ils ne sont pas liés au deuil :"odeur d'essence" / "j'ai attendu un peu"/ m'a tenu la main si longtemps que je ne savais pas trop comment la retirer". Les sentiments sont uniquement perceptibles chez les autres personnages : "ils avaient tous beaucoup de peine pour moi" / " On a qu'une mère", Le constat que Meursault fait de la peine de ses ami est succinct, la poignée de main l'embarrasse. Tout contact est considéré comme gênant, voire impudique. Le seul sentiment qui apparait : la culpabilité. "ce n'est pas de ma faute" / "je n'aurais pas dû dire cela"/"je n'avais pas à m'excuser".
  • Au début : La logique de la narration déconcerte tout autant : Présence d'asyndètes (figure de style qui consiste en la suppression de mots de liaison dans une phraseà qui morcèlent le récit en actions sans rapport les unes avec les autres.
On constate que le texte oppose des démarches et des attitudes officielles à une compréhension personnelle : "il m'a semblé que je comprenais". Le texte oppose aussi la mort comme fin de vie à la mort comme possibilité, quand elle approche, de revivre, de recommencer.
 
2)Meursault et les autres
 
  • Ay début : Meursault est confronté à son patron, à Céleste, aux habitués deu restaurant, au militaire... Ces rapports révèlent son sentiment de culpabilité (devant son patronà et un refus de communiquer (avec le militaire).
  • A la fin : Meursault est seul et il souhaite être accueilli avec "des cris de haine".
Les rapports de Meursault avec les autres ont eux aussi évolué. Meursault souhaite des cris de haine le jour de son exécution. On peut penser que le personnage recherche désormais la communication, fût-ce sous forme de rejet. On peut aussi penser qu'il attend un rejet afin de confirmer ce qu'il sait maintenant : il est un "étranger".
 
3)Meursault dans le monde
 
  • Au début : Le jour est mentionné ;
  • A la fin : c'est la nuit
  • Au début : il évoque une forte chaleur "très chaud" /"réverbération" qui entraine des troubles : "étourdi"/la somnolence : "je me suis assoupi".
  • A la fin : c'est la fraicheur qui est évoquée : "rafraichissante". Elle crée un bien-etre "(la merveilleuse paix entrait en moi comme une marée").
  • Au début : le monde cité est artificiel : "odeur d'essence" / "cahots" de la route...à. C'est un monde où Meursault s'agite m: "j'ai couru" / "hâte"/course".
  • A la fin l: le monde est naturel : "bruits de campagne"/"odeurs de  nuit, de terre de sel".
  • A la fin : sorte de sensualité apparait chez le personnage et s'exprime. Il évoque les bruits, les odeurs, "les étoiles" sur son visage : Meursault se découvre comme partie intégrante du monde. Tous les sens sont présents pour exprimer cette sorte de "fraternité" avec la nature. Proche de la mort, Meursault "nait" au monde. Le moment de l'exdécution se pense alors, paradoxalement, comme une nouvelle affirmation de soi. Meursault se retrouve lié charnellement au monde. L'instant présent est valorisé : "j'ai senti que jf'avais été heureux, et que je l'étais encore". Victoire des sens ici.
Les rapports au monde de Meursault ont changé. Au début, il est confronté à un monde hostile et agressif, il découvre à la fin un monde apaisé, semblable à lui. Un monde "fraternel".
Enfin, Meursault qui est le narrateur de la fiction ici, va traduire son évolution par le langage meme. La fin du roman propose une écriture presque poétisée, alors qu'elle parait désincarnée au début. Présence de métaphores, de comparaisons (donner les exemplesà, utilisation des sens.
Ainsi, on peut penser qu'à la fin du roman, Meursault est plus libre, bien qu'il soit en prison, que dans la scène initiale, où il est en liberté. La proximité de la mort lui apporte une libération. il a enfin trouvé une vérité qui lui appartient.
 
CONCLUSION :
 
La comparaison du début et de la fin du roman permet de lire dans le texte une évolution du personnage; Cette évolution est visible jusque dans l'écriture elle meme. La narration produit des effets de texte qui sont aussi des effets de lecture qui permettent au lecteur des interprétations. Cette plongée dans l'intériorité du personnage est également une plongée dans une nouvelle conception du romanesque, dans laquelle le lecteur est invité non plus à s'identifier au personnage mais à s'interroger sur sa fonction dans la fiction.

Date de dernière mise à jour : 05/03/2021

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