La Renaissance, cours série L = Vers un espace culturel Européen

Bac

Vers un espace culturel Européen, la Renaissance. Cours niveau L 

 

 

 

 

OBJET D’ÉTUDE : RENAISSANCE ET HUMANISME

Vers un espace culturel européen

La Renaissance

 

 

Pendant le Moyen Age, l'Europe a été dévastée par les famines présentes en grand nombre, surtout au XIV° siècle. A ces famines s'ajoutent les épidémies, comme la peste noire (1347-1350) qui a tué plus d'un tiers de la population européenne (environ 25 millions de personnes), et les guerres perpétuelles entre seigneurs féodaux ou entre nations ennemies, comme par exemple la guerre de cent ans, qui oppose la France et l'Angleterre de 1337 à 1453. C'est cette même année 1453 que Constantinople, capitale de l'empire byzantin aussi appelé empire romain d'orient, est conquise par les Turcs. L'empire byzantin qui avait survécu pendant presque un millénaire après la chute de l'empire romain d'occident s'effondre et ses savants fuient vers l'Italie. Là, avec le soutien financier des riches familles adeptes du mécénat (par exemple les Médicis), ils pourront transmettre la culture antique, grecque et latine. C'est de cet apport culturel que naîtra la Renaissance, période de renouvellement philosophique et artistique.

 

La Renaissance est le nom donné au mouvement intellectuel et artistique qui se développe en Italie et dans l'Europe occidentale aux XVème et XVIème siècles. Cette période se caractérise par la redécouverte de la culture antique grecque et latine, qui se manifeste dans les textes anciens de Phèdre, un fabuliste latin, ou Platon, un philosophe grec, et par la redécouverte des sciences de l'Antiquité. La diffusion des connaissances va être facilitée par l'invention de l'imprimerie par Gutenberg et les déplacements des humanistes. Il est difficile de donner un début ou une fin précise à cette période car bien que la prise de Constantinople lui ait donné un formidable essor, il existait déjà des œuvres « pré renaissance » dès le XIVème siècle, par exemple Pétrarque, poète italien qui était en quête des traces des anciens.

 

Les écrivains et artistes de cette époque sont principalement des humanistes.

L'Humanisme est un mouvement littéraire, philosophique et artistique qui prône la connaissance de la langue, la culture et les sciences antiques tout en mettant l'homme au centre du monde et en visant à son épanouissement. La France, en retard par rapport à l'Italie principalement à cause de la guerre de Cent Ans, entre dans la Renaissance par le biais des guerres d'Italie (1494-1516) mais surtout grâce à François Ier qui ramena à sa cour Léonard de Vinci et d'autres artistes italiens. La France va tout de même fournir à la Renaissance nombre d'artistes et surtout d'écrivains comme les artistes de la Pléïade dont Joachim du Bellay et Pierre de Ronsard pour les principaux ou Louise Labé, pour l’école lyonnaise.

 

 

  1. Le contexte historique, politique et les grandes découvertes de la Renaissance

 

 

Pendant la Renaissance, l'histoire de l'Europe est complexe. L'Italie, berceau de la Renaissance artistique est aussi une région très divisée, tandis que la France, unie sous le même drapeau, est presque toujours en guerre. Les grandes découvertes faites pendant cette période permettront un épanouissement plus important encore de la pensée humaine.

 

  1. L'Italie, une nation divisée et le berceau de la Renaissance

 

  1. L'Italie, une nation divisée

 

A la fin du Moyen Age, les villes du nord de l'Italie sont bien plus riches que celles du centre ou du sud. Cela s'explique par le fait que les villes de Venise et Gênes ont établi des liens avec l'Orient lors des croisades. De plus ces croisades ont permis à ces deux villes d'éliminer leur concurrente, Constantinople, qui fut pillée lors de la quatrième croisade. Cependant, le XIVème siècle est riche en catastrophes : tout d'abord les mauvaises récoltes se succèdent, ce qui amène des famines répétées ; de plus la guerre de Cent Ans entre la France et l'Angleterre perturbe le commerce dont vivent Venise et Gênes ; l'empire ottoman qui étend son territoire sur la mer Méditerranée perturbe aussi le commerce de l'Italie ; mais le plus grave est à venir : la peste noire (1347-1350) va décimer la population de l'Europe et de l'Italie, en tuant plus d'un tiers de la population européenne, soit environ 25 millions de personnes.

L’Italie du nord est divisée en une multitude de cité états, comme Venise, Florence, Gênes qui sont les plus puissantes. Alors que pendant le Moyen Age, l'Italie était divisée par la longue bataille entre les états pontificaux et le Saint Empire romain germanique, pendant la Renaissance, l'Italie va être divisée par les guerres de suprématie entre les différentes cités états. Les cités états se font la guerre sur terre ou sur mer, les armées terrestres étant bien souvent composées de mercenaires, appelés condottieri. C'est dans ce contexte que Florence annexe Pise, que Venise prend Padoue et Vérone, et que le Duché de Milan annexe plusieurs villes, comme Pavie ou Parme. Sur mer, les principaux opposants sont Venise, Pise et Gênes, mais Pise est rapidement soumise et se retire donc de la liste. Venise finit par l'emporter sur Gênes et devient donc la principale puissance maritime. Sur le continent, Florence et Milan se montrent les plus puissantes et mettent de côté leur querelle avec la paix de Lodi en 1454.

 

 

  1. La Renaissance italienne

 

Après la chute de Constantinople en 1453, les Grecs fuient l'empire byzantin et se réfugient en Italie, emportant avec eux leur culture. Grâce à eux, l'Europe occidentale a de nouveau accès aux textes antiques originaux, plutôt qu'à des commentaires de textes tels qu'ils sont enseignés dans les écoles catholiques. Les grandes villes commerçantes de cette époque, gouvernées par des amateurs d'art, protègent et passent des commandes aux artistes, peintres, sculpteurs ou architectes.

 

C'est ainsi que se développe le mouvement artistique de la Renaissance italienne. Elle est, contrairement au Moyen Age, tournée vers des thèmes païens, c’est-à-dire non chrétiens. Au début, une partie n'est qu'une simple redécouverte des artistes et thèmes antiques, par exemple le thème du "nu", celui de la mythologie ou la recherche d'un style antique avec les colonnes en architecture ; mais peu à peu les thèmes sont revisités par les humanistes et prennent des formes différentes de celles de l'antiquité. (Cf. La Naissance de Vénus par Sandro Botticelli).

 

 

  1. La France, un pays en guerre sous l'influence humaniste

 

  1. Une nation en guerre

 

Pendant la Renaissance, la France est presque toujours en guerre. Elle est d'abord en guerre contre l'Italie, puis contre le Saint Empire romain germanique dirigé par Charles Quint et enfin en guerre civile à cause des dévastatrices guerres de religion.

 

Au début de la Renaissance, la France sort des guerres d'Italie, menées par François Ier. Ces guerres, au nombre de cinq, avaient commencé sous Charles VIII en 1494 vont se finir en 1516 par une campagne militaire de François Ier pour prendre le duché de Milan. C'est pendant la cinquième et dernière guerre que François Ier ramène en France des artistes comme Léonard de Vinci car il est émerveillé par la beauté de l'art de la Renaissance italienne. C'est à partir de ce moment que commence véritablement la Renaissance en France.

 

Cependant, à la fin des guerres d'Italie, en 1519, l'élection de Charles Quint en qualité d'empereur du Saint Empire romain germanique place la France au milieu des différents territoires qu'il possède. La France se trouve effectivement entre le royaume d'Espagne, le Saint Empire, les Pays-Bas et le royaume de Naples, qui appartiennent tous à Charles Quint. François Ier va donc envoyer des troupes pour le combattre. Pendant ces guerres d'Italie, Martin Luther, moine chrétien, se révolte contre l’Église, lui reprochant principalement la pratique des indulgences ou le moyen d'accéder au paradis en échange d'une forte somme d'argent, et ce quels que soient les péchés. Luther pense que la foi est suffisante pour accéder au paradis, et que l'argent est une solution trop facile qui permet à l'Église de financer ses débauches et surtout l’édification de la basilique Saint-Pierre de Rome. Pour ses 95 thèses, Martin Luther est excommunié, c’est-à-dire que le pape ne le reconnaît plus en tant que chrétien. Martin Luther fonde la religion réformée, c'est un nouveau schisme qui frappe l'Église chrétienne. Pensant que l'homme n'a pas besoin d'intermédiaires entre lui et Dieu, il traduit la Bible en allemand. Jean Calvin, qui poursuit l'œuvre de Luther, est un des grands fondateurs de la religion réformée. Sa doctrine suit le modèle de celle de Luther mais elle est beaucoup plus stricte. Par exemple, Calvin ne reconnaît plus que 2 sacrements : le baptême et la communion.

 

Les guerres de religions sont le produit de nombreux facteurs. Tout d'abord le roi François Ier est tolérant envers les protestants jusqu'à l'affaire des placards. L'affaire des placards a eu lieu le 18 octobre 1534. Cette nuit là, les protestants ont collé dans le château d'Amboise des affiches sur lesquelles ils s'opposent à la messe catholique. Cette date marque le début de la persécution des réformés en France. Ensuite, sous le règne de Henri II, les tensions s'accentuent, le roi persécute sans pitié les réformés. Seule l'autorité de Henri II empêche le pays de sombrer dans le chaos religieux. Enfin, les rois François II et Charles IX sont trop jeunes lors de leur accession au pouvoir et n'arrivent pas à affirmer leur autorité. De plus les pays ennemis de la France soutiennent les partis religieux français et les poussent à s'entredéchirer car cela leur permet d'affaiblir la France. Ainsi l'Espagne a financé les catholiques réunis pour les plus extrémistes avec les Guise et l'Angleterre a financé les protestants. C'est cette succession de facteurs qui ont engendré une guerre civile de plus de trente ans. C'est pendant cette période de troubles qu'a eu lieu le massacre de la Saint Barthélemy le 24 août 1572. Lorsque Henri III, le dernier frère de François II, est assassiné en 1589, la lignée des Valois s'éteint et il faut chercher le roi dans une autre lignée. Le successeur désigné par Henri III et descendant le plus direct est un Bourbon, Henri de Navarre, mais il est protestant. Comme il est impensable d'avoir un roi protestant, nommé par

l'Église catholique, à la tête de l'état, Henri de Navarre a le choix entre abandonner ses droits de succession au trône ou devenir catholique. Au bout de cinq ans de guerre entre les Bourbons et la Ligue, il se convertit en disant "Paris vaut bien une messe" et est sacré roi le 27 février 1594. Grâce à l'édit de Nantes qu'il promulguera le 30 avril 1598, il parviendra à apaiser les guerres de religion et à les arrêter, bien que les tensions existent toujours. (Cf. Massacre de la Saint-Barthélemy de Vasari).

 

 

  1. L'influence humaniste

 

Pourtant la France a été, à la Renaissance, très marquée par l'humanisme importé d'Italie par François Ier. Ainsi un groupe de sept écrivains français, la Pléiade, fit une véritable révolution dans le domaine de la littérature française. On leur doit par exemple le manifeste de Joachim Du Bellay Défense et illustration de la langue française qui vise la manière d'enrichir la langue française par la création de néologismes provenant du latin et du grec. A Paris, François Ier fonde le collège de France où on enseigne le latin, le grec, l'hébreu et d'autres matières qui ne sont pas enseignées à l'université de la Sorbonne, laquelle dispense un enseignement catholique. C'est à cette époque que Rabelais écrit ses livres Pantagruel (1532) et Gargantua (1534) qui expriment son optimiste envers l'humanité.

 

 

  1. Les grandes découvertes

 

  1. Le Nouveau Monde. L’Espagne et le Portugal dominent le commerce.

 

Les grandes découvertes maritimes sont rendues possibles par la conjonction de plusieurs événements. D’une part, les échanges entre les Italiens et l'Orient, permettent à l'Europe de découvrir les instruments de mesure et de navigation, tels la boussole et l'astrolabe, inventés par les Arabes. D’autre part, la chute de Constantinople crée une grande inquiétude dans l'empire chrétien. L'Église va donc encourager les peuples de la péninsule ibérique, les Portugais et les Espagnols, à découvrir de nouveaux territoires en Afrique et de nouvelles routes pour accéder à l'Orient et l'Inde sans faire transiter la marchandise par les territoires turcs. Il y a aussi une pression économique car le commerce des épices est sous le contrôle de Venise, la recherche de nouvelles voies de marchandises sert ainsi à la concurrencer.

 

Les premiers à se lancer dans des expéditions de découvertes sont les Portugais. Nation commerçante, les expéditions du Portugal vers l'Afrique sont financées par le prince Henri qui compte pouvoir extraire l'or contenu dans les mines du Soudan. Très vite ces expéditions profitent au Portugal et les commerçants passent un accord avec lui pour obtenir le monopole du commerce en échange de faire les découvertes pour le Portugal. Les marchands ramènent, en plus des marchandises, des Africains au prince et celui-ci voit le profit qu'il peut tirer de l'esclavage. Avec l'accord du pape, c'est le début de la Traite des Noirs. A la mort du prince, son neveu, Alphonse V, monte sur le trône. Grâce à une meilleure vision de l'avantage qu'il peut tirer des grandes découvertes, il accorde des licences d'exploitation avec les commerçants. En 1475, l'équateur est enfin franchi; en 1488, Bartolomeo Dias atteint le Cap de Bonne-Espérance qui sera nommé ainsi par Jean II, fils d'Alphonse V. En 1497, la route de l'Inde qui passe par le pourtour de l'Afrique est enfin complète et les comptoirs portugais sur les côtes se développent.

 

Pendant ce temps, en Espagne, Christophe Colomb, voulant rejoindre l'Inde par l'ouest plutôt que de passer par le Cap de Bonne-Espérance, découvre accidentellement l'Amérique en 1492. Parti avec trois caravelles, navires portugais avec un pont haut et dotés de plusieurs mâts et voiles, Colomb revient en Europe avec seulement deux bâtiments après avoir découvert les îles de Cuba, et Haïti. Il fera trois autres expéditions en 1493, 1498 et 1502, mais il ne parviendra pas à rapporter assez de richesses de ses voyages. Ses biens seront confisqués et il reviendra en Espagne pour y mourir en 1506. Alors qu'on commence à douter du fait que Colomb ait bien accosté en Asie, Amerigo Vespucci parle de terres nouvelles, de Nouveau Monde.

 

Son nom aurait été donné à ce nouveau continent pour lui rendre hommage, mais en lui attribuant en fait à tort cette découverte. C'est grâce à Magellan que les doutes sont dispersés. Magellan contourne le premier le nouveau continent par le détroit qui portera plus tard son nom et rejoint l’Inde par l’ouest. Il meurt aux Philippines mais le tour du monde de son expédition est achevé par Juan Sebastian Elcano trois ans après le départ, prouvant ainsi avec certitude l’existence d'un nouveau continent. Carte du monde de Martin Waldseemüller et imprimée en 1507

 

Contrairement aux Portugais qui créent des comptoirs sur le pourtour de l'Afrique et n'y font que passer, l'Espagne, elle, tente de coloniser le Nouveau Monde découvert à l'ouest. En créant des colonies pour récupérer de l'or en Amérique, l'Espagne doit confronter les civilisations déjà présentes sur le territoire comme les Aztèques ou les Incas. Bien que les conquêtes aient été violentes, les Espagnols n'avaient aucun intérêt à exterminer la main d'œuvre présente sur le territoire. Les peuples américains ont dû être décimés par des maladies que les Espagnols ont introduites involontairement. C'est à cause du manque de main d'œuvre en Amérique que les Espagnols ont introduit la Traite des Noirs en Amérique.

 

 

  1. Les découvertes de la médecine

 

Bien que les dissections et la chirurgie soient interdites par l'Église, car elle veut faire croire que l'homme n'est qu'une enveloppe de l'âme donnée par Dieu, cela n'a pas empêché les médecins de la Renaissance de faire des merveilles sur la découverte de l'anatomie. C'est à cette époque que la santé devient un bien précieux, se démarquant ainsi des principes de l'Église. La première dissection publique à Paris est autorisée en 1478, mais cela reste tout de même un tabou que l'Église punit sévèrement. C'est pour cela que les dissections sont souvent faites en secret. Les interdits n'empêchant pas le progrès, André Vésale, grand anatomiste bruxellois, parvient à faire la nomenclature des os, des muscles et des vaisseaux dans son ouvrage De humani corporis fabrica libri septem, paru en 1543.

 

Dans le même temps, Charles Estienne, médecin imprimeur français, comprend d'importants principes dans le fonctionnement des nerfs et des os ; Michel Servet devine quant à lui le principe de la circulation pulmonaire ; Gabriel Fallope a étudié et décrit le fonctionnement de la corde du tympan, des nerfs de l'œil, de l'intestin grêle, des trompes utérines qui portent son nom et des vaisseaux cérébraux ; Bartolomeo Eustachi, savant anatomiste et médecin italien, a analysé le fonctionnement de la trompe de l'oreille, à qui il a donné son nom, et a analysé la circulation lymphatique et les dents. Ces découvertes en anatomie humaine ont profité grandement à l'essor de la chirurgie qui devient une science presque à part entière. En plus de ces découvertes anatomiques, la Renaissance a vu l'apparition du premier microscope pour regarder le monde de l'infiniment petit. Cet appareil a permis d'observer de plus près la faune, la flore et l'anatomie humaine. Malheureusement, avec la découverte de l'Amérique de l'autre côté de l'océan Atlantique, les expéditions ont également ramené des maladies mortelles pour les Européens. C'est dans ce contexte que Jérôme Fracastor propose vers 1546 sa théorie sur les micro-organismes et la contagion.

  1. Les découvertes astronomiques

 

Grâce à l'imprimerie, la diffusion dans l'Europe des textes grecs traitant d'astronomie est rendue publique. Pendant la Renaissance, la théorie la plus répandue parmi les astronomes est la vision d'un monde géocentrique : c'est à dire un univers qui a la Terre pour centre, et où tout tourne autour de la Terre. Cependant, Copernic
(1476-1543) n'adhère pas à cette théorie et démontre mathématiquement le fait que le monde est non pas géocentrique mais héliocentrique : c'est-à-dire un univers qui a le soleil pour centre. Cette théorie existait déjà pendant l'Antiquité car les Grecs avaient déjà pensé à la possibilité d'un tel système. Cependant, une partie de sa théorie, la théorie de l'héliocentrisme, sera rejetée à cause d'un point de vue principalement théologique : l'Église ne veut pas accepter que la Terre ne soit pas le centre du monde.

 

 

 

  1. Les Arts : peinture, sculpture, architecture

 

 

Alors que la création artistique du Moyen Age était principalement tournée vers la religion, la Renaissance artistique se tourne principalement vers les thèmes humanistes, comme la tolérance, la liberté de penser, la paix, et les thèmes antiques, comme la mythologie. En plus de la liberté prise peu à peu par les artistes, on assiste pendant la Renaissance à une abondante création de nouvelles techniques de peinture, de sculpture et d'architecture.

 

 

  1. Les révolutions de la peinture dans les thèmes et les supports

 

 

La Renaissance se caractérise par le développement important des techniques découvertes à cette époque ou qui sont redécouvertes, comme le "nu" antique. Le nu est, à cette époque, principalement utilisé pour représenter des thèmes mythologiques, c'est-à-dire des thèmes profanes, qui sont contraires au dogme de l'Église. Pourtant les peintures de "nus" du début de la Renaissance ne sont pas formées sur les canons de beauté grecs. Les personnages, plus gros que musclés, permettaient d'exprimer l'entrée de l'homme dans une ère d'abondance. Cependant la mentalité de l'époque n'est pas prête pour accepter les "nus" qui sont considérés comme choquants. C'est surtout le cas pour les représentations féminines, qui expriment un idéal de la beauté telle que la définit Platon, mais aussi un certain érotisme qui pose problème. C'est pour cette raison que les peintres et sculpteurs doivent créer des œuvres qui ne choqueront pas en donnant au modèle une pose qui cache le sexe ou mettre quelque chose devant ce que l'on veut cacher.

 

  1. Amélioration de la peinture à l’huile (Jan Van Eyck)

 

La peinture à l'huile est un mélange plus ou moins épais de pigments et d'huile de lin ou d'huile d'œillette. Elle a été découverte à la fin du Moyen Age par les frères Van Eyck pour remplacer avantageusement la peinture organique composée de matières agglutinantes utilisées auparavant, comme par exemple l'œuf, la cire ou la chaux. Pendant la Renaissance, presque tous les tableaux, comme par exemple ceux de Botticelli, sont en peinture à l'huile car elle donne une profondeur au tableau qui n'existait pas avec les peintures organiques.

 

  1. La peinture sur toile remplace la peinture sur bois

 

La peinture sur bois, courante avant la Renaissance, est peu à peu remplacée par la peinture sur toile plus économique. La toile, essentiellement de la toile de lin, est tendue sur une armature en bois nommé châssis et enduite d'un film protecteur nommé gesso. Elle est le support privilégié des artistes de la Renaissance pour la peinture à l'huile, même si la peinture sur bois a subsisté jusqu'au XVIème siècle (par exemple la Joconde de Léonard de Vinci). L'une des premières peintures sur toile est française et date de 1410 : c'est une madone avec les anges.

 

 

  1. La découverte de la perspective

 

La perspective est une manière de représenter un volume sur une surface plane, de représenter le monde tel qu'il est visible par l'oeil humain. Découverte à la Renaissance par l'architecte italien Filippo Brunelleschi (1377-1446), elle a été théorisée de façon mathématique par l'architecte Léon Battista Alberti (1406-1472). Elle a été utilisée par beaucoup de peintres de la Renaissance car elle permet de donner une impression de réalité à la peinture. Le peintre Fra Angelico est un des premiers à utiliser la perspective dans ses œuvres, mais il n'est pas le seul, on peut citer par exemple Masaccio (1401-1428) ou Piero della Francesca (1416-1492). L'école d'Athènes de Raphaël peinte entre 1509 et 1510.

 

 

  1. Les fresques sur mur ou sur voûte

 

La technique de la fresque sur mur ou sur voûte existe depuis plus longtemps que l'Antiquité. A la Renaissance, la fresque murale se développe grâce aux commandes importantes faites aux peintres, particulièrement par l'Église pour ornementer les églises, les chapelles ou autres bâtiments. Nous en avons un bel exemple dans la voûte de la Chapelle Sixtine peinte par Michel Ange.

 

 

  1. Les effets de lumières et d'ombre

 

La technique du clair-obscur a été inventée à la Renaissance par Polidoro da Caravaggio (1495-1543). La technique du clair-obscur consiste à créer des contrastes parfois violents en mettant côte à côte des parties très claires et d'autres très foncées. La technique fut ensuite améliorée et atteint son apogée grâce à Le Caravage (1571- 1610), qui est un autre peintre italien.

 

La technique de la grisaille est une variante du clair-obscur, mais elle n'utilise qu'une seule couleur, dégradée en plusieurs tons. Utilisée pour imiter le bas-relief, on peut la trouver dans La Charité d'Andrea del Sarto (1486-1531) au Chiostro dello Scalzo (Florence) ou dans les Fresques du Chiostro verde de Santa Maria Novella (bâtie sur la place du même nom, c'est la première basilique de Florence) d'Uccello Paolo (1397-1475). Chiostro verde, La Création et la Chute (c.1424–1425) d'Uccello Paolo.

 

La technique du sfumato quant à elle a été mise au point par Léonard de Vinci. Elle consiste à donner un effet vaporeux au tableau en superposant plusieurs couches très délicates de peinture. Elle permet de donner au tableau une impression de profondeur et est aussi appelée perspective atmosphérique. Léonard de Vinci l'utilise par exemple dans sa Joconde réalisée entre 1503 et 1506 sur du bois.

 

 

  1. La sculpture

 

 

Les principaux thèmes de la sculpture sont le nu et la piéta. Le nu en sculpture est au départ une imitation presque à l'identique des statues antiques, romaines principalement, dont certaines subsistent en Italie. Les canons de beauté du début de la Renaissance vont donc être les mêmes que les canons de beauté antiques, grecs et romains. Comme en peinture, les sculpteurs du début de cette période grossissaient le ventre des statues pour exprimer l'entrée de l'homme dans une ère d'opulence.

 

Cependant, à la fin de la Renaissance, les canons de beauté ont bien changés et le but est d'obtenir des statues non plus dans des poses figées mais comme si elles étaient en action. Ces améliorations par rapport à l'Antiquité sont rendues possibles grâce aux études sur l'anatomie du corps humain de Léonard de Vinci ou Michel Ange. Alors que les sculptures de nus expriment principalement des thèmes païens, comme la mythologie antique, les sculptures représentant la piéta sont uniquement des œuvres chrétiennes. Ce qui est normal car les piéta sont des représentations de la Vierge Marie douloureuse, tenant son fils Jésus dans ses bras ou sur ses genoux. (David de Michel Ange).

 

 

  1. L’architecture

 

  1. Un retour aux sources antiques

 

Alors que l'architecture du Moyen Age se base sur l'art gothique, la Renaissance redécouvre l'architecture antique. L'architecture de la Renaissance se distingue de l'architecture du Moyen Age en plusieurs points. Tout d'abord l'architecture de la Renaissance revient à des édifices construits moins grands, car selon les principes de l'humanisme, l'homme tient lieu de valeur suprême. Les édifices du Moyen Age, et surtout les cathédrales, étaient en effet construits très haut de façon à impressionner l'observateur et à célébrer la grandeur de Dieu. La nouvelle architecture se caractérise aussi par l'emploi codifié de colonnes qui permettent de donner une mesure aux bâtiments de grande taille et qui sont une inspiration directe des monuments de l'Antiquité.

 

  1. Les châteaux de plaisance

 

L’architecture de la Renaissance permet aussi de voir apparaître des châteaux de plaisance, qui remplacent peu à peu les châteaux forts du Moyen Age. Ces derniers deviennent en effet obsolètes à cause des innovations dans l'artillerie et l'invention des canons. En France, on peut encore visiter quelques-uns de ces châteaux de la Renaissance dans la vallée de la Loire, où se trouve par exemple le château de Chambord, celui de Blois ou encore celui de Chenonceau. (Château de Chambord).

 

 

 

  1. La littérature, révélatrice de l’époque

 

 

La littérature de la Renaissance, commence au XIVème siècle avec Dante (1265-1321) et Pétrarque (1304-1374). Pétrarque est connu pour être l'un des premiers à écrire des sonnets qu'on retrouve notamment dans son recueil Canzoniere. La diffusion de la littérature en Europe est due principalement aux déplacements importants des humanistes entre les pays, à une langue commune et véhiculaire, le latin et à l'invention de l'imprimerie par Gutenberg. La Renaissance voit l'apparition de nombreux humanistes écrivains et poètes.

 

En France, les plus connus sont Michel de Montaigne, Etienne de la Boétie, François Rabelais, Pierre de Ronsard, Joachim Du Bellay, Agrippa d'Aubigné, Louise Labé ou encore Marguerite de Navarre.

 

 

  1. La poésie

 

Les sonnets de Pétrarque vont inspirer notamment les écrivains de la Pléiade, qui vont les codifier. La Pléiade était un groupe de sept écrivains humanistes français, qui doit son nom à un groupe de sept poètes d'Alexandrie. La Pléiade rompt la tradition de leurs prédécesseurs en écrivant en français. Cependant le français de l'époque était pauvre et la Pléiade s'est fixée comme but d'enrichir la langue française. Pour ce faire, Joachim Du Bellay (1522-1560), écrivain de la Pléiade, publia en 1549 un manifeste intitulé Défense et illustration de la langue française. Dans cet ouvrage, il explique que pour enrichir la langue française, il faut créer des néologismes, c'est à dire utiliser des mots nouveaux ou donner un nouveau sens à un mot qui existe déjà.

 

 

  1. La prose

 

Montaigne (1533-1592) est un philosophe, moraliste et homme politique de la Renaissance. L'œuvre de sa vie est principalement ses Essais qui devaient servir d'écrin à une œuvre de son ami Etienne de La Boétie, le Discours de la servitude volontaire (1549). Il définit lui même son style, " à sauts et à gambades", si particulier qui ne semble pas évoluer selon une logique certaine. C'est le précurseur des essais littéraires tels qu'on les connaît.

 

Rabelais (1493-1553) écrit en 1532 Pantagruel (Les horribles et épouvantables faits et prouesses du très renommé Pantagruel Roi des Dipsodes, fils du Grand Géant Gargantua), qui lui permet d'amuser son lecteur tout en faisant une critique de la société. Après le succès que son oeuvre a rencontré, il décide d'en faire une autre qu'il publie en 1534 : Gargantua (La vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel). Les idées humanistes de Rabelais s'expriment encore plus dans ce deuxième livre.

 

 

  1. Le théâtre

 

Réapparaissant en Italie, le théâtre s'inspire énormément des textes antiques. A la différence de l'Antiquité, les artistes se produisent sur des scènes mobiles qui permettent de pouvoir jouer en extérieur ou en intérieur. La création des décors bénéficie grandement des règles de la perspective découverte par l'architecte italien Filippo Brunelleschi, car les décors deviennent plus réalistes.

 

En Angleterre, le théâtre est très réputé. C'est effectivement à cette époque que le génie anglais William Shakespeare (1564-1616) écrit ses pièces de théâtre. Jouant et écrivant ses pièces pour une petite troupe de théâtre, il devient très populaire.

 

 

Conclusion

 

La Renaissance est une période où l'histoire entreprend un grand virage. La Renaissance se distingue du Moyen Age par le contexte historique et politique en Italie et en France et par les grandes découvertes du monde, de l'anatomie et de l'astronomie. La Renaissance est aussi une période marquée par les thèmes antiques et par les nouvelles techniques découvertes en peinture, en sculpture et en architecture. C'est aussi une période de renouveau littéraire grâce aux écrivains, dramaturges et poètes européens. Nous pouvons donc conclure que la Renaissance est bien une rupture avec le Moyen Age, que les humanistes ont rempli leur devoir en diffusant au mieux, même si elle est toujours réservée à une élite, la culture de l'Antiquité et les idées humanistes.


 

Pour aller plus loin 

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