Lettre LXXXI : La Marquise de Merteuil au Vicomte de Valmont. Laclos, les Liaisons dangereuses, commentaire, série L

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Objet d'étude : le roman

Le personnage de roman du XVII à nos jours

COnstruction du personnage à travers la variété des époques et des formes

Choderlos de Laclos,les Liaisons dangereuses, 1782

Lettre LXXXI : La Marquise de Merteuil au Vicomte de Valmont. 

 

Un an se passa dans ces occupations différentes. Mon deuil me permettant

alors de reparaître, je revins à la Ville avec mes grands projets; je ne

m'attendais pas au premier obstacle que j'y rencontrai.

Cette longue solitude, cette austère retraite, avaient jeté sur moi un

vernis de pruderie qui effrayait nos plus agréables; ils se tenaient à

l'écart, et me laissaient livrée à une foule d'ennuyeux, qui tous

prétendaient à ma main. L'embarras n'était pas de les refuser; mais plusieurs

de ces refus déplaisaient à ma famille, et je perdais dans ces tracasseries

intérieures, le temps dont je m'étais promis un si charmant usage. Je fus donc

obligée, pour rappeler les uns et éloigner les autres, d'afficher quelques

inconséquences, et d'employer à nuire à ma réputation, le soin que je

comptais mettre à la conserver. Je réussis facilement, comme vous pouvez

croire. Mais n'étant emportée par aucune passion, je ne fis que ce que je

jugeai nécessaire, et mesurai avec prudence les doses de mon étourderie.

Dès que j'eus touché le but que je voulais atteindre, je revins sur mes

pas, et fis honneur de mon amendement à quelques-unes de ces femmes qui, dans

l'impuissance d'avoir des prétentions à l'agrément, se rejettent sur celles

du mérite et de la vertu. Ce fut un coup de partie qui me valut plus que je

n'avais espéré. Ces reconnaissantes Duègnes s'établirent mes apologistes; et

leur zèle aveugle pour ce qu'elles appelaient leur ouvrage, fut porté au

point qu'au moindre propos qu'on se permettait sur moi, tout le parti Prude

criait au scandale et à l'injure. Le même moyen me valut encore le suffrage

de nos femmes à prétentions, qui, persuadées que je renonçais à courir la

même carrière qu'elles, me choisirent pour l'objet de leurs éloges, toutes

les fois qu'elles voulaient prouver qu'elles ne médisaient pas de tout le

monde.

Cependant ma conduite précédente avait ramené les Amants; et pour me

ménager entre eux et mes fidèles protectrices, je me montrai comme une femme

sensible, mais difficile, à qui l'excès de sa délicatesse fournissait des

armes contre l'amour.

Alors je commençai à déployer sur le grand Théâtre, les talents que je

m'étais donnés. Mon premier soin fut d'acquérir le renom d'invincible. Pour y

parvenir, les hommes qui ne me plaisaient point furent toujours les seuls dont

j'eus l'air d'accepter les hommages. Je les employais utilement à me procurer

les honneurs de la résistance, tandis que je me livrais sans crainte à

l'Amant préféré. Mais, celui-là, ma feinte timidité ne lui a jamais permis de

me suivre dans le monde; et les regards du cercle ont été, ainsi, toujours

fixés sur l'Amant malheureux.

Vous savez combien je me décide vite: c'est pour avoir observé que ce

sont presque toujours les soins antérieurs qui livrent le secret des femmes.

Quoi qu'on puisse faire le ton n'est jamais le même, avant ou après le succès

. Cette différence n'échappe point à l'observateur attentif; et j'ai trouvé

moins dangereux de me tromper dans le choix, que de le laisser pénétrer. Je

gagne encore par là d'ôter les vraisemblances, sur lesquelles seules on peut

nous juger.

Ces précautions et celle de ne jamais écrire, de ne livrer jamais aucune

preuve de ma défaite, pouvaient paraître excessives, et ne m'ont jamais paru

suffisantes. Descendue dans mon coeur, j'y ai étudié celui des autres. J'y ai

vu qu'il n'est personne qui n'y conserve un secret qu'il lui importe qui ne

soit point dévoilé: vérité que l'antiquité paraît avoir mieux connue que nous

, et dont l'histoire de Samson pourrait n'être qu'un ingénieux emblème.

Nouvelle Dalila, j'ai toujours, comme elle, employé ma puissance à surprendre

ce secret important. Hé! de combien de nos Samsons modernes, ne tiens-je pas

la chevelure sous le ciseau! Et ceux-là, j'ai cessé de les craindre: ce sont

les seuls que je me sois permis d'humilier quelquefois. Plus souple avec les

autres, l'art de les rendre infidèles pour éviter de leur paraître volage,

une feinte amitié, une apparente confiance, quelques procédés généreux,

l'idée flatteuse et que chacun conserve d'avoir été mon seul Amant, m'ont

obtenu leur discrétion. Enfin quand ces moyens m'ont manqué, j'ai su,

prévoyant mes ruptures, étouffer d'avance, sous le ridicule ou la calomnie,

la confiance que ces hommes dangereux auraient pu obtenir.

Problématique :

Pourquoi la marquise de Merteuil se donne t'-elle une image irréprochable?

Plan possible :

I - Car elle veut attirer de nouveaux amants

A - Son image ne le lui permet pas

1- son deuil a crée une image de femme prude

2 - Elle attire les hommes qui veulent l'épouser

B - Elle décide donc de changer son image

1 - Elle élabore une stratégie réfléchie

2 - Elle fait semblant de se repentir

II - Pour cacher sa nature libertine

A - Elle joue le rôle d'une femme sensible moins susceptible d'être touchée

1 - son masque est un mélange de souplesse et de rigueur

2 - Elle élimine tous les soupçons qui pourraient la compromettre

B - Elle fait en sorte que ses amants ne puissent pas la dénoncer

1 - Elle leur fait croire qu'ils ont été a seule faute

2 - Elle tente de surprendre leurs secrets afin de les compromettre

Commentaire

Introduction

Choderlos de Laclos est un auteur du 18è, il écrit les Liaisons dangereuses en 1782. Cela sera l'oeuvre la plus importante de sa vie à cause du scandale qu'elle provoquera. Laclos écrit ce roman afin de prendre une revanche sur sa vie. En effet, il a été plusieurs fois humilié par les nobles et les femmes. C'est un roman épistolaire traitant du libertinage et des moeurs. La lettre qui nous occupe est la Lettre 81, la marquise de Merteuil raconte son retour au sein de la société au Vicomte de Valmont. Nous sommes donc amenés à nous demander si la marquise de Merteuil se donne une image irréprochable; Pour cela nous verrons que la marquise de Merteuile se donne une image irréprochable souhaite modifier son image initiale afin d'attirer de nouveaux amants puis qu'elle prend soin de cacher sa nature libertine.

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La marquise veut modifier son image initiale afin d'attirer de nouveaux amants, malheureusement son image ne le lui permet pas, en effet, son deuil a crée une image de femme prude. La mort de son mari l'a conduite à quitter Paris pour faire son deuil, la convenance sociale veut que l'on ne reparaisse pas avant un an : "un an se passa". Elle peut à présent revenir à la cour "mon deuil me permettant alors de reparaître" mais son isolement et son "austère retraite" l'ont fait tomber dans l'oubli. Lorsqu'on la retrouve c''est une jeune veuve que les hommes n'osent pas approcher, cela se vérifie grâce à la métaphore "vernis de pruderie" que l'on aurait poser sur la marquise de Merteuil. Certains semblent "effrayésé et restent "à l'écart", la marquise fait fuir. De ce fait , elle n'attire pas de nouveaux amants.

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Seuls les hommes qui veulent l'épouser sont attirés par la jeune veuve. La marquise était revenue pour s'amuser et choisir des amants, comme le lsuggèrent "ses grands projets" et "son charmant usage" : elle comptait alors s'amuser. Mais elle ne peut pas revenir et se confronte à un "premier obstacle", elle est obligée de penser " des tracasseries intérieures". En effet, ce sont uniquement les hommes qui ne l'intéressent pas qui s'approchent d'elle, ceux qui veulent sa main alors qu'elle ne souhaite absolument pas se marier, elle les caractérise comme "une foule d'ennuyeux" et "les hommes qui ne me plaisaient point". On notera un parallélisme de construction "pour rappeler les uns et éloigner les autres" qui témoigne encore du désintéressement de la marquise. Son but étant d'attirer les hommes qui lui plaisent, qu'elle qualfier de "nos plus agréables" ou "amant préféré". Cette image de femme prude ne lui convient pas, elle soit donc tout faire pour la changer

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Elle entreprend donc de transformer son image et pour cela elle élabore une stratégie réfléchie. Afin d'attirer les hommes qui lui plaisent, elle va s'fficher et laisser un doute sur une liaison. Sa stratégie est réfléchie et se vérifie par le champ lexical du jeu "je fus donc obligée", "je réussis facilement", "j'eus touché le but" et "ce fut un coup de partie". Elle fait juste le nécessaire pour laisser un doute sur son image de femme vertueuse, elle affiche "quelques inconséquences, elle mesure "les choses" : elle est dans la maîtrise et le calcul " je ne fis que ce que je jugeai nécessaire". Elle nuit à son image de prude grâce à sa stratégie mais elle sait ce qu'elle doit faire ensuite.

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Elle fait semblant  de se repentir, après avoir laissé planer un doute elle fait volte-face, "je revins sur mes pas". Stratégiquement, elle se rapproche des femmes vertueuses afin de faire semblant de se repentir pour gagner leur confiance " je fis honneur de mon amendement". La marquise méprise ces femmes "qui dans l'impuissance d'avoir des prétentions à l'égrément se rejettent sur celles du mérite et de la vertu. Pour la marquise de Merteuil, ces femmes vertueuses sont disgraciées. La marquise qualifie ces femmes de vieilles femmes qui chaperonnent une jeune fille afin de protéger sa vertu. On remarquera la périphrase " le parti prude". En se rapprochant des vertueuses, la marquise les considère comme ses "fidèles protectrices".  elles ont confiance en lamarquise domme en témoigne "leur zèle aveugle". Son entreprise réussie puisque les prudes chantent les louagnes de la marquise repentie et se font ces apologistes. Elles font l'éloge de la marquise, si jamais on l'attaquait, ces prudes crieraient au scandale et à l'injure. Mais la marquise a d'autres alliés, ce sont les coquettes ou les libertines de la cour, qu'elle définit de "femmes à prétentions". Ces femmes sont bien contentes que la marquise ne soit pas leur concurente et font elles aussi son éloge. Le but de marquise est atteint puisque sa "conduite avait ramené les amants".

Le but de la marquise étant à présent atteint, elle doit à présent jouer serré afin de préserver cette image de femme sensible mais difficile.

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Elle se done une image irréprochable afin de mieux cacher sa nature libertine. C'est pour cela qu'elle joue le rôle d'une femme inaccessible mais susceptible d'être touchée. Son masque est un mélange de souplesse et de rigueur, en effet la difficulté de la marquise est de prouver et conserver cet équilibre de femme vertueuse mais qui peut-être amoureuse. On le voit grâce au champ lexical de la rigueur qui peut-être celui du combat également "difficile", "invincible" "résistance" et "armes". La marquise est comparée à "une femme sensible", elle a le rôle d'une comédienne qui se produit sur "le grand théâtre". Elle peut ainsi adapter le rôle qu'elle s'est donnée et appliquer ses principes, elle sait qu'elle le fait facilement "les talents que je m'étais donnée" et le champ lexical du masque "apparence", accentue le fait qu'elle joue en tentant de ne pas se faire découvrir.

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Elle élimine tous les soupçons qui pourraient la compromettre, elle a des principes et cherche à se garantir de la société pour ne pas être dévoilée. Elle se décide très vite dans le choix de son amant car si elle met du temps et feind de ne pas s'intéresser, on pourra remarquer le changement d'attitude entre avant et après la consommation charnelle, en se décidant rapidement aucun changement ne peut-être noté. Elle ne  manifeste d' intérêt que pour les hommes qui ne l'intéressent pas "les hommes qui ne me plaisaient point furent toujours les seuls dont j'eus l'air d'accepter les hommages". Elle simule la timidité en société pour que ces amants ne la compromettent pas.  De cette façon, elle semble désespérée des amants qui ne lui plaisent pas et conserve sa réputation en ne laissant aucune trace de ses liaisons "celles de ne jamais écrire". Malgré tout la marquise de Merteuil trouve que ces précautions ne sont pas suffisantes "pouvaient paraître excessives et ne m'ont jamais paru suffisantes". Ainsi la marquise cache sa nature libertine en employant diverses précautions et en utilisant même ses amants.

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La marquise fait en sorte que ses amants ne puissent pas la dénoncer, pour cela elle leur fait croire qu'ils ont été sa seule faute. Elle prend des précautions vis-à-vis de la société mais également vis-à-vis des hommes qu'elle fréquente, elles sont différentes selon les hommes. Afin de conserver son image de femme sensible et difficile, elle amène ses amants à la rupture en les poussant dans les bras d'une autre, c'est ce qu'elle appelle "l'art de les rendre infidèles pour éviter de leur paraître volage". Elle joue le rôle de la femme amoureuse qui accepte d'être quittée, on le remarque grâce au parallélisme de construction "une feinte amitié, une apparente confiance", "chacune conserve d'avoir été mon seul amant". De sorte que lzs hommes deviennent ocmplicces de la marquise,ils l'aident à protéger son image de femme vertueuse.

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Elle tente de surprendre leur secret afin de les compromettre avant, car certains hommes sont plus "dangereux". La métaphore filée de Samson et Dalila, la marquise se prend pour la "Nouvelle Dalila" et se compare à elle. En effet, Samson était un homme qui puisait sa force dans ses cheveux et Dalila une nuit les lui a coupés, on comprned donc que la marquise dontrôle les hommes. De pus, par ses séductions la marquise entend découvrir ce que les hommes cachent afin de les réduire à  néant. Elle va les humilier publiquement avant qu'ils ne la trahissent soit par "la calomnie", soit par "le ridicule" .

La marquise confirme l'image d'une parfait calculatrice, qui est dans la maîtrise et semble d'ailleurs avoir pensé à tout. De plus, c'est parce qu'elle a dérogé à l'un de ses principes qu'elle a été perdu face à la société. C'est elle seule qui dicte les règles du jeu, même par rapport à Valmont, qu'elle manipule facilement. Le personnage de la marquise de Merteuil ressemble à celui de Milady, des trois mousquetaires de Dumas qui est aussi une femme noire.

 

 

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