l'Education sentimentale, Flaubert ch. 5, le regard de Frédéric sur Paris.

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commentaire littéraire 

 

 

 

Flaubert, L’éducation sentimentale (1869) L’Éducation sentimentale est un roman de Gustave Flaubert, paru en 1869. L’histoire débute en 1840. Au début, Frédéric Moreau, personnage principal, n’a que 18 ans. Récemment bachelier, il quitte provisoirement Paris pour Nogent-sur-Seine, où il va retrouver sa mère. Il fait le voyage en bateau (bateau appelé La Ville de Montereau) sur la Seine. C’est sur ce bateau qu’il rencontre Madame Arnoux, une femme mariée, mère de deux enfants, plus âgée que lui, dont il tombe éperdument amoureux au premier regard. Désormais, il ne pensera plus qu’à elle. Revenu à Paris pour y commencer des études de droit, il n’a qu’une idée : la revoir. Frédéric est un jeune homme velléitaire et rêveur. Rien de ce qu’il entreprend ou vit ne l’intéresse vraiment : ni ses études, ni ses amitiés, ni ses aventures amoureuses, ni la situation politique parisienne... Il a pourtant une assez haute idée de lui-même, comme le mentionne le narrateur dans l’incipit : Frédéric « trouvait que le bonheur mérité par l’excellence de son âme, tardait à venir ». Son désenchantement progressif est aussi celui de toute une génération de jeunes gens romantiques. Dans ce passage du chapitre 5 de la première partie, Frédéric vient d‘apprendre l’absence de Madame Arnoux qui est partie en province.

 

 

Regard de Frédéric sur Paris

 

Alors commencèrent trois mois d’ennui. Comme il n’avait aucun travail, son désœuvrement renforçait sa tristesse.

 

Il passait des heures à regarder, du haut de son balcon, la rivière qui coulait entre les quais grisâtres, noircis, de place en place, par la bavure des égouts, avec un ponton de blanchisseuses amarré contre le bord, où des gamins quelquefois s’amusaient, dans la vase, à faire baigner un caniche. Ses yeux délaissant à gauche le pont de pierre de Notre-Dame et trois ponts suspendus, se dirigeaient toujours vers le quai aux Ormes, sur un massif de vieux arbres, pareils aux tilleuls du port de Montereau. La tour Saint-Jacques, l’hôtel de ville, Saint-Gervais, Saint-Louis, Saint-Paul se levaient en face, parmi les toits confondus, — et le génie de la colonne de Juillet resplendissait à l’orient comme une large étoile d’or, tandis qu’à l’autre extrémité le dôme des Tuileries arrondissait, sur le ciel, sa lourde masse bleue. C’était par-derrière, de ce côté-là, que devait être la maison de Mme Arnoux. Il rentrait dans sa chambre ; puis, couché sur son divan, s’abandonnait à une méditation désordonnée : plans d’ouvrage, projets de conduite, élancements vers l’avenir. Enfi n, pour se débarrasser de lui-même, il sortait. Il remontait, au hasard, le quartier latin, si tumultueux d’habitude, mais désert à cette époque, car les étudiants étaient partis dans leurs familles. Les grands murs des collèges, comme allongés par le silence, avaient un aspect plus morne encore ; on entendait toutes sortes de bruits paisibles, des battements d’ailes dans des cages, le ronfl ement d’un tour, le marteau d’un savetier ; et les marchands d’habits, au milieu des rues, interrogeaient de l’œil chaque fenêtre, inutilement. Au fond des cafés solitaires, la dame du comptoir bâillait entre ses carafons remplis ; les journaux demeuraient en ordre sur la table des cabinets de lecture ; dans l’atelier des repasseuses, des linges frissonnaient sous les bouffées du vent tiède. De temps à autre, il s’arrêtait à l’étalage d’un bouquiniste ; un omnibus, qui descendait en frôlant le trottoir, le faisait se retourner ; et, parvenu devant le Luxembourg, il n’allait pas plus loin. Quelquefois, l’espoir d’une distraction l’attirait vers les boulevards. Après de sombres ruelles exhalant des fraîcheurs humides, il arrivait sur de grandes places désertes, éblouissantes de lumière, et où les monuments dessinaient au bord du pavé des dentelures d’ombre noire. Mais les charrettes, les boutiques recommençaient, et la foule l’étourdissait, — le dimanche surtout, — quand, depuis la Bastille jusqu’à la Madeleine, c’était un immense fl ot ondulant sur l’asphalte17, au milieu de la poussière, dans une rumeur continue ; il se sentait tout écœuré par la bassesse des fi gures, la niaiserie des propos, la satisfaction imbécile transpirant sur les fronts en sueur ! Cependant, la conscience de mieux valoir que ces hommes atténuait la fatigue de les regarder.

 

 

Introduction

L'Education sentimentale de Flaubert, auteur du 19ème siècle appartenant au mouvement littéraire le réalisme.

L'Education sentimentale = roman d'apprentissage = évolution d'un personnage = Frédéric

Passage à situer = chapitre 5, 1ère partie.

L'action se situe en été, à Paris que nous découvrons à travers le personnage.

Problématique :

Comment le lecteur découvre t'-il Paris à travers le regard à la fois réaliste, esthétique de Frédéric en effet miroir à son ennui, un paysage état-d'âme ?

 

I – Un regard réaliste et esthétique

 

Une description réaliste = effet de réel

Nous avons une description organisée tout au long des paragraphes qui correspondent à différents lieux décrits.

Lieu de départ = «du haut de son balcon ».

La description part de l'intérieur, à partir du balcon de son appartement vers l'extérieur dès le paragraphe 2, «il sortait », l. 13, puis l. 14, «il remontait ».

Description de Paris, «Notre-dame » par exemple + quartier latin = quartier étudiant, Frédéric est lui-même étudiant.

Monuments + quartiers, quartier latin et grands boulevards = champ lexical de la ville

Les habitants sont évoqués par les différents corps de métier = « savetier », « repasseuses », « bouquiniste ».

Des anecdotes renforcent l'ancrage de la scène dans la réalité = «la dame du comptoir baîllait », il y a en outre une volonté d'apporter du réalisme grâce aux phrases courtes, «les journaux demeuraient en ordre ».

Verbes à l'imparfait = description, coulait », « s'amusaient », « dirigeaient »...

Le réalisme est accentué par la présence des sens comme la vue, «à regarder », « ses yeux », « l'oeil », l'ouie, « silence », « on entendait ». Les sensations du personnage = réalisme vécu. On peut également citer, «allongés par le silence », «les bruits paisibles », «des battements d'ailes dans des cages, le ronflement d'un tour, le marteau d'un savetier... ».

Description des bâtiments avec la comparaison pour la colonne de juillet ligne 8, la couleur pour le dôme des Tuileries, ligne 9.

 

 

Passage de l'intérieur à l'extérieur

Passage de l'intérieur à l'extérieur = la description n'est pas seulement réaliste mais esthétique car elle s'organise selon le mouvement du personnage, la vision de Frédéric part de son balcon puis la description devient extérieure, «il remontait », l. 14. La description s'accorde au regard de Frédéric, elle est en mouvement, «Ses yeux délaissant à gauche », l. 4, «il remontait », l. 14 puis, elle s'organise en premier plan «sur les grands murs des collèges » et en second plan avec « au fond des cafés », l. 18 et 19.

Avec l'énumération de noms propres, "la tour Saint-Jacques […] Saint-Paul", on comprend que le regard de Frédéric se promène.

La description s'accorde avec le point de vue du narrateur elle s'esthétise et est faite d'une manière cinématographique

Importance accordée aux couleurs « d'or », « bleue », « grisâtres, noircis »

description de Paris faite d'oppositions

La richesse des couleurs des monuments est opposée à la grisaille de la Seine.

On retrouve également une opposition dans les formes (colonnes et dôme), les couleurs (or et bleue) et les symboles que représentent les monuments (révolution et monarchie).

La description de Paris passe par la Seine. L'eau est tranquille, elle a un rythme lent : "lenteur du temps".

La Seine est polluée : "grisâtre", "noircis", "la bavure des égouts".

 

II – L'ennui

 

Un effet miroir

Le paysage reflète l'état d'âme du personnage, l'ennui fait écho à sa description de la ville. Frédéric est désoeuvré et projette sa vision sur Paris. Son état d'esprit est à l'image du gris de la ville « grisâtres, noircis ... »

Son ennui transparaît dès la première phrase, « il passait des heures », sa lassitude est renforcée par l'accumulation des lieux du premier paragraphe.

Inactivité = l. 11, « couché sur son divan », l. 12 « méditation ». Présence d'allitérations en «L » qui mettent en avant son ennui, «balcon », « coulait », « délaissant »

Ennui + tristesse = allusion à la dernière phrase du premier paragraphe à l'absence de Mme Arnoux.

 

L'ennui renforcé par la solitude de Frédéric

Il est seul dans la ville, nous n'avons aucun dialogue, le texte est centré sur la description de Paris

Une seule allusion à la fin du premier paragraphe à Mme Arnoux = « la maison de Mme Arnoux »

Le lecteur ressent l'enfermement de Frédéric sur lui-même et sa coupure avec le monde. Présence du champ lexical de la solitude = « cafés solitaires », « désert ».

 

Personnage oisif

Personnage sans projet

Sa vie est à l'image de sa promenade dans les rues de Paris = hasard. Il semble être spectateur, complètement passif, il n'a aucun but, le hasard le guide, «au hasard », «Et parvenu devant le Luxembourg, il n'allait pas plus loin ». Sa promenade ressemble à une errance. Il est en proie à une certaine nostalgie dépressive, « méditations désordonnées », manque de volonté.

 

Conclusion

Synthèse des parties

Réponse à la problématique

Ouverture avec Emma Bovary de Flaubert

Retrouvons-nous chez Emma Bovary ce même état d'enfermement sur elle-même ?

 

 

 

 

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